Étienne, rempli de l'Esprit Saint.

 

 

Hier nous fêtions une naissance, la venue sur terre du propre Fils de Dieu. Aujourd'hui nous célébrons une mort, mais c'est une naissance à la vraie vie, puisque c'est le martyre d'Étienne et donc son entrée dans la gloire.

Ce raccourci que nous impose la liturgie peut être parlant pour notre foi ; c'est en effet comme un résumé du plan de Dieu pour le salut des hommes : le Fils de Dieu s'est fait homme, il a vécu parmi les hommes, pour qu'à notre mort nous entrions dans sa vie. La route du passage pascal, ouverte par Jésus, est ainsi inaugurée par Étienne, l'une des personnalités les plus attachantes de la première génération chrétienne.

 

²    Étienne, Stéphanos, était un helléniste. Il faisait donc partie de ce groupe de Juifs, extrêmement nombreux, qui, nés ou non hors d'Israël, se distinguaient par leur usage courant de la langue grecque et de la Bible en grec, et par leur manière ouverte de comprendre et de vivre la loi de Moïse. Acquis tout entier à la cause du Christ, Étienne avait été choisi, avec six autres hommes "de bonne réputation, remplis de Esprit Saint et de sagesse", pour normaliser et équilibrer les distributions de subsides aux veuves et de la communauté chrétienne ; pour éviter, en particulier, que les veuves hellénistes ne soient un peu trop "oubliées".

Choisi pour ce "service des tables", il avait reçu l'imposition des mains des Apôtres ; mais très vite sa mission allait déborder du cadre des prestations matérielles : "Plein de grâce et de puissance, il opérait des prodiges et des signes remarquables parmi le peuple", et ceux qui voulaient neutraliser son témoignage "étaient incapables de s'opposer à la sagesse et à l'Esprit qui marquaient ses paroles".

 

²    Témoin de Jésus vivant, de Jésus Ressuscité, qu'il appelait le Fils de l'homme, Étienne va connaître une passion qui, par plusieurs traits, rappelle celle de Jésus.

Comme Jésus il voit s'ameuter contre lui une partie du peuple, les Anciens et des scribes.    Comme Jésus il est traîné devant le tribunal du sanhédrin.

Comme pour Jésus on produit contre lui de faux témoins : "L'homme que voici tient sans arrêt des propos hostiles au Lieu saint et à la Loi !". En réalité, Étienne vénérait Moïse : "C'est lui, disait-il, qui a reçu des paroles vivantes pour nous les donner". Quant au Temple de Jérusalem, il est vrai qu'Étienne manifestait à son endroit une grande liberté : "Le Très Haut, rappelait-il, n'habite pas des demeures construites par la main des hommes", et il citait le prophète Isaïe : "Le ciel est mon trône... Quelle maison pourriez-vous me bâtir ?"

Comme Jésus, Étienne sera accusé de blasphème, lorsqu'il proclamera Jésus Ressuscité égal à Dieu dans la gloire : "Voici que je contemple les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu".

Comme Jésus il sera poussé hors de la ville pour être mis à mort, et il s'endormira sur deux paroles imitées de celles de Jésus mourant : "Seigneur Jésus, reçois mon esprit... Seigneur, ne leur compte pas ce péché..."

 

²    Cela s'est passé sans doute un jour de l'hiver 36-37, en l'an 6 de la jeune Église; cependant, à cause de sa proximité de l'Évangile, nous faisons aisément d'Étienne notre contemporain, et son martyre éclaire notre propre témoignage :

Étienne s'est voulu, à la vie et à la mort, solidaire de son peuple.

Il a privilégié dans sa vie le service des plus pauvres ;

il a authentifié sa parole par un dévouement concret, vécu au quotidien ;

il a vécu sa vie et sa mort fasciné par la gloire du Christ ;

il a laissé l'Esprit Saint lui donner comme sagesse les paroles de Jésus, et a vécu sans tricher les mutations auxquelles l'Esprit appelait son Église, et c'est son ouverture de cœur qui animera les premières équipes missionnaires envoyées à la rencontre des païens :

 

 "Ceux qu'avait dispersés la tourmente survenue à propos d'Étienne arrivèrent à Antioche et adressèrent aussi aux Grecs la bonne nouvelle de Jésus Seigneur".

 

Dans leur vie comme dans leur mort les témoins de Jésus sont semences d'Église .

 

 

 

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