Anne, fille de Phanuel

                                                                                                                          Lc 2,36-40

 

 

À propos de l'enfance de Jésus, l'Église nous fait lire aujourd'hui, comme déjà dans la liturgie d'hier, l'Évangile du troisième âge, l'Évangile de la vie montante.

 

²    Ce n'est pas seulement un trait d'humour de l'évangéliste que de rapprocher ainsi un beau bébé et deux beaux vieillards, car, à travers les récits concernant Syméon et Anne, c'est toute une théologie de la fidélité de Dieu qui est proposée aux croyants pour rajeunir leur espérance.

Instinctivement nous voyons des signes d'espérance dans les choses neuves, les initiatives inédites, et dans la présence d'êtres jeunes, tout en promesses; et nous avons raison, car, au niveau des choses humaines et dans la perspective de la vie terrestre, ce sont les jeunes d'aujourd'hui qui vont traverser le temps, assurer la course de la parole et la survie des communautés.

Mais quand il s'agit des réalités de l'au-delà, de l'amitié avec Dieu dans la vie éternelle, même la fin des choses et le soir de la vie peuvent être signes d'espérance. La manière dont on donne à Dieu les années du grand âge ou de l'inaction, la joie que l'on apporte à servir dans l'ombre, la liberté de cœur avec laquelle on range l'un après l'au­tre les outils que Dieu avait donnés, tout cela rend témoignage à la vie de Dieu, à la puissance de son amour, à la fascination de sa gloire.

 

²    C'est bien ainsi que vivait Anne. Plus elle avançait en âge, et plus sa vie se réduisait à l'essentiel, comme à une épure de la foi: "elle ne s'écartait pas du Temple, participant au culte, nuit et jour, par le jeûne et la prière". Un grand amour vécu avec de petits moyens, un effacement grandissant devant l'œuvre de Dieu, un dévouement sans faille à la louange et à l'action de grâces, tout cela est chemin d'espérance, témoignage d'espérance en l'autre vie, qui ne connaîtra ni temps, ni plan, ni hâte, parce que désormais Dieu sera tout en tous .

 

Dès que l'on va à l'essentiel, on se rapproche de la jeunesse de Dieu .

Dès que l'on reconduit tout à Dieu dans la prière, on anticipe sur le nouvel ordre des choses qui sera le quotidien éternel  dans le Royaume accompli.

Et c'est pourquoi la vieillesse d'Anne, fille de Phanuel, était si dense aux yeux de Dieu, et si consonante à l'Évangile que Jésus allait apporter.

 

²    Quatre-vingt-quatre ans, dont soixante-quatre au moins à l'ombre du Temple, méditant la Loi du Seigneur et veillant dans la prière. Toute une vie de recueillement pour un instant de témoignage prophétique, à l'heure que Dieu avait choisie pour elle: "survenant à ce moment, elle se mit à célébrer Dieu et à parler de l'Enfant à tous ceux qui attendaient la libération de Jérusalem ".

 

 

Ce n'est pas trop d'une vie entière de fidélité pour mériter de nommer Dieu quand il visite le monde.

Ce n'est pas trop de toute une vie de prière pour la joie de rejoindre le mystère de la tendresse de Dieu  dans le regard de Jésus enfant.

 

 

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