"C'est l'amour que je
veux"
Mt 9,9-13
"C'est l'amour que je veux, et
non les holocaustes".
Jésus
reprend là, à l'adresse des Pharisiens, une parole prononcée au nom de Dieu par
le prophète Osée. À l'époque du prophète (VIIIeme siècle) comme à celle de
Jésus, offrir un sacrifice, c'était se procurer un animal et se rendre au
Temple pour le faire présenter au Seigneur. Et la tentation était d'en rester à
la prestation matérielle, sans faire du sacrifice un acte de conversion à Dieu,
et à la volonté du Dieu de l'Alliance.
C'est à un dépassement du même ordre
que Jésus nous invite. Il est bon de lui faire hommage des biens qu'il nous
donne en gérance ; il est bon de lui sacrifier un peu de temps, de venir le
prier dans son Temple, mais le moteur de tous ces efforts, ce doit être
l'amour, et l'accueil de tous ceux que Dieu aime. Le mot de l'Évangile veut
dire surtout "amour-miséricorde" ; celui qu'employait le prophète
était encore plus large : "C'est le hésed que je veux", disait
Dieu ; et le hesed recouvrait toutes les relations de l'homme à son
prochain, c'est-à-dire à la fois la loyauté, la courtoisie, le fair play, la
bienveillance, l'amitié, l'amour, la miséricorde, l'amour miséricordieux. C'est
cela avant tout que nous avons à offrir, ces réflexes quotidiens qui nous font
ressembler à Dieu, cette générosité volontaire dont le cœur du Christ est pour
nous le modèle.
Jésus appelle Matthieu le
percepteur, qui collaborait avec l'occupant ; Jésus s'attable avec les
publicains et les pécheurs. Son appel efface toutes les barrières, surtout
celles du jugement des hommes. Son sacrifice à lui, celui que nous célébrons à
chaque messe, a été la preuve suprême de son amour, pour Dieu et pour les
hommes ; son sang a été versé pour la multitude.
Ce qu'il veut nous donner, en venant à nous, c'est un
cœur universel ; non pas un cœur qui rêve à l'universel, mais un cœur prêt,
chaque jour, à toutes les indulgences, à toutes les patiences, à tous les
pardons.
"C'est l'amour que je veux, et
non les holocaustes".