"Demandez et vous
recevrez"
Mt 7,7-12
² Il faudrait être sans cœur
pour tromper un enfant, pour le frustrer sans raison dans son désir, pour lui
mettre en main un caillou et un serpent: des choses immangeables ou
dangereuses.
Il nous faut parfois un effort pour nous montrer
généreux envers un adulte, mais c'est tout naturellement que nous donnons aux
enfants de bonnes choses, le meilleur des choses, celles qu'il nous demande, et
même celles qu'ils ne savent pas demander parce qu'il ne les connaissent pas
encore.
Même quand notre cœur est dur, impatient
ou soupçonneux dans la vie ordinaire, nous avons des trésors de tendresse tout
prêts pour les enfants; et par là, tout racornis que nous sommes, nous offrons
pourtant une parabole de la tendresse de Dieu, "combien plus" grande
et spontanée que la nôtre !
²
Et
c'est une invitation à la confiance dans la prière: "Demandez, et vous
recevrez".
Dans la vie courante, ce
n'est pas habituel. Au contraire, on va de bureau en bureau, d'une maison à une
autre, d'un ami à un autre, et souvent on n'obtient pas, on ne trouve pas, et
personne n'ouvre, parce que les gens n'ont pas le temps d'accueillir ni d'écouter,
parce qu'ils ne peuvent ouvrir ni leur porte ni leur cœur, parce qu'ils n'ont
pas assez de liberté pour nous aider à devenir libres.
Dieu,
lui, inverse le cours des choses:
Quand
on lui demande, on reçoit, parce qu'il met sa joie à donner;
quand
on le cherche, on le trouve toujours, parce que lui-même, le premier, se donne
à voir et à entendre; quand on frappe à sa porte, il ouvre tout de suite, parce
que déjà il attendait.
² Cependant, cette certitude d'être entendus, exaucés,
comblés, Dieu nous la fait vivre au niveau de la foi, et non pas de manière
émotionnelle; c'est pourquoi la prière demeure difficile.
Nous
demandons, et Dieu répond dans la durée, selon son rythme à lui, qui pour nous
est lenteur
Nous
cherchons, et parfois Dieu nous laisse avec notre question, parce qu'elle
agrandit l'espace de notre cœur et qu'elle nous fait marcher vers lui;
Nous frappons: Dieu entend, Dieu répond, car il est
déjà là, toujours là; mais il nous laisse, librement, pousser la porte.
²
C'est
bien ce que nous avons à faire avant tout, en carême, et pour le carême :
pousser
la porte que Dieu laisse toujours entrouverte, venir à lui comme le fils
prodigue, lui redire, avec nos mots à nous, ce que Esther, dans sa détresse,
lui disait si bien: "Viens me secourir, car je suis seule et je n'ai que
toi, Seigneur, toi qui connais tout !"
Même la reine Esther n'avait que lui, le
roi des dieux, le Dieu des rois; et c'est le même Dieu qui nous exauce, nous,
les tâcherons du Royaume, pas fiers de nous, mais fiers de lui:
"Souviens-toi, Seigneur; fais-toi connaître au moment de notre détresse
!"
Souviens-toi,
Seigneur, que tu as voulu l'Alliance avec nos pères ;
souviens-toi,
Jésus, de ces vingt siècles de la nouvelle alliance;
Souviens-toi, Père, des humains que tu as choisis dans
tous les temps, pour faire d'eux, en chaque temps, un peuple qui t'appartienne.
Nous-mêmes,
Seigneur, nous nous souvenons que "tu as fait pour eux tout ce que tu
avais promis", et nous faisons mémoire, en cette Eucharistie, de ta longue
fidélité.
Il
est bien vrai que nous n'avons que toi, comme tous tes pauvres sur la terre,
mais avec toi, nous avons tout:
il
nous suffit de ton amour.