"C'est à moi
que vous l'avez
fait"
Mt 25,31-46
²
"Dans la mesure
où vous l'avez
fait à l'un
des ces plus
petits de mes
frères,
c'est à moi
que vous l'avez fait".
Je suis tombé hier
dans un parloir
sur une brochure qui présente l'œuvre et les fondations
de Mère Teresa de Calcutta,
plus précisément sur une citation
de Mère Teresa : "Pensez à l'enfance abandonnée. Un jour
j'ai vu un
petit enfant qui ne mangeait
pas ; sa
mère était morte. Alors
j'ai trouvé une sœur qui ressemblait
à sa mère
et je lui
dis de ne
rien faire d'autre que de
jouer avec l'enfant.
L'appétit est
revenu …". Et cette phrase de
Mère Teresa m'a rappelé cette
sœur indienne d'une de ses communautés, que j'ai
rencontrée dans son bidonville de Port au
Prince, en
Haïti. Seule
ce jour-là
au milieu d'une
cinquantaine de malades condamnés. Seule,
mais souriante, avec son point bleu sur
le front.
²
"C'est à moi
que vous l'avez
fait..."
Instinctivement, pour illustrer cette parole de
Jésus, nous
évoquons
ces vies toutes livrées
au service des pauvres et
des malades,
ces femmes qui
vont les mains
vides à la
rencontre de la souffrance et de la mort,
ces consacrées totalement libérées par leur pauvreté, reflet direct de la miséricorde
de Dieu pour
toute détresse.
Et nous nous
disons : "Quelle place ont dans
ma vie les
pauvres de Dieu ? De fait, quand nous sommes
rassemblés durant des heures pour l'oraison silencieuse, quand
nous sommes occupés par notre
métier, accaparés
par nos responsabilités
et nos soucis
immédiats, nous ne sommes
pas en train
de jouer avec
un enfant qui ne mange plus. Sommes-nous
pour autant des minus de la charité ? sommes-nous
exclus du groupe
des porteurs de vie ? l'appel
de Jésus nous a-t-il disqualifiés pour le service des pauvres ? Non, bien sûr, mais nous
avons besoin de réveiller notre foi pour nous situer à
notre place dans la charité. En fait, tout autant
que la sœur
du bidonville nous pouvons entrer dans l'amour
des pauvres comme Jésus aujourd'hui
nous y appelle, mais c'est
au prix d'un triple effort
d'authenticité :
1°) Authenticité de notre
vie d'oraison, qui nous
fait rejoindre tous les pauvres
du monde directement
dans le cœur de Dieu qui les aime : pauvres de biens matériels, pauvres de ressources affectives, pauvres d'amis, pauvres dans l'estime
des autres.
2°) Authenticité de notre
regard sur l'argent et
le pouvoir qu'il donne,
dans la fidélité
à la pauvreté que nous avons vouée personnellement
au Seigneur.
3°) Authenticité de notre
vie fraternelle, attention aux réalités quotidiennes, qui nous permettent de reconnaître dans la sœur toute
proche, quotidienne
et trop connue, cette affamée, celle assoiffée, cette étrangère, cette grelottante, cette malade
et cette prisonnière, qui a
besoin de nous,
de notre patience, de notre sourire, et que
Jésus nous donne à aimer.
Aujourd'hui, ce que je
ferai pour elle, Jésus
le prendra pour lui.