Les Saints Innocents

Mt 02,13-24

 

 

 

 

 

            Dieu a pris en main le cours des événements, et Il sauve Celui qu'Il vient de donner au monde comme sauveur ; et de même qu'il n'a pas cessé, dans l'ancienne Alliance, de commenter ses gestes de salut, Il révèle à Joseph son plan de salut pour l'enfant et sa Mère.

            Mais, même révélé ainsi par Dieu, son dessein reste mystérieux, et sous bien des aspects.

 

²  D'abord Joseph reçoit une consigne très générale : "Fuis en Egypte!"

Tout reste à inventer, à oser, à risquer,

tout ce concret qui viendra de la libre initiative de l'homme,

tout ce chemin d'audace et de prudence qui sera l'œuvre de Joseph.

 

²  Autre aspect du mystère : Dieu impose des délais, Dieu laisse faire le temps et ne donne au croyant que des signes de foi et d'espérance: "Fuis en Egypte, restes-y jusqu'à nouvel ordre!"

            Jusqu'à nouvel ordre ... Joseph devra donc tout miser sur la Parole de Dieu ... Un nouvel ordre de Dieu viendra, mais Dieu seul sait quand !

 

²  Cependant le mystère le plus déroutant dans le dessein de Dieu se situe ailleurs encore, et c'est celui-là que met en lumière le massacre des Innocents : Dieu, quand Il exauce un juste, n'interrompt pas forcément les menées de l'impie.

            Dieu, tout en préservant l'avenir de l'Enfant Messie, laisse se déployer tout un projet criminel :" Hérode envoie tuer, dans Bethléhem et tout son territoire, tous les enfants jusqu'à deux ans".

            Seule la Résurrection de Jésus viendra donner un sens à ce martyre;

seule la certitude de retrouver près du Christ leur enfant aurait pu ce jour-là consoler toutes ces mères. Mais elles étaient inconsolables parce qu'elles ne pouvaient lire dans l'événement que la cruauté absurde d'un roi,

            comme Rachel, qui ne voulait pas que d'autres femmes la consolent, puisque les enfants de son peuple étaient partis en déportation (Jr 31,35),

            comme tant d'hommes et de femmes, nos contemporains, que révolte la souffrance des innocents, et qui ne veulent pas, surtout pas, de consolation, préférant faire grief à Dieu, tant qu'ils vivront, de tant de morts insensées, de tant d'ivraie étouffant le bon grain.

 

²  Frères et sœurs, nous qui avons la foi, nous ne sommes pas pour autant immunisés contre l'épreuve, contre le deuil, contre la solitude ; mais nous savons une chose, qui nous rend la joie et la paix : c'est que nous avons du prix aux yeux de Dieu qui nous aime.

            Disons oui au dessein de Dieu, qui nous rappelle tous d'Egypte, comme autant de fils et de filles, moyennant un Exode que lui seul conduira ; disons oui aux lenteurs de Dieu, et guettons chaque jour, dans la joie, son nouvel ordre, ce moment imprévisible, mais certain, où Jésus Berger, très doucement, sifflera de nouveau sa brebis.

            Accueillons dans notre prière le non de tous ceux qui n'ont pas d'espérance, le non de toutes les mères inconsolables.

            Portons à Dieu, dans cette Eucharistie, le refus de ceux qui ne savent pas que Dieu les aime, et qu'Il fait de la vie avec toutes nos morts.

 

 

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