Le vent et la mer
Me 4,35-41
Après une série de paraboles (4,1-34),
adressée pour une part aux disciples, une série de quatre miracles (4,35 -
5,4), la tempête apaisée, la guérison du démoniaque, le rappel à la vie de la
fille de Ya'ir et la guérison
de la femme au flux de sang, rappellent que le pouvoir du Messie se manifeste
autant par des actes que par des paroles.
De plus ce pouvoir atteint aussi bien la nature que les démons ou la mort.
Le cadre, c'est le
lac, que les disciples vont traverser vers l'est, puisque l'épisode suivant les
situe en pays païen. Une tempête se lève, comme lorsque le vent venu de la mer
rencontre les bourrasques du désert syrien, et Jésus dort, sur le coussin du
timonier qu'il a mis sous sa tête.
Écoutons ce qu'expriment les
disciples, puis Jésus, avant de nous demander l'importance, pour nous, de cet apaisement de
la tempête.
² Chez
les disciples, c'est la peur, et ils reprochent presque à Jésus de s'en
désolidariser : "Maître, cela
ne te fait rien que nous périssions !"
Rien sur la confiance, rien sur la foi, sinon une vague impression que Jésus, s'il le voulait, y pourrait quelque
chose. D'ailleurs les disciples ont pris l'initiative d'emmener Jésus "comme il se trouvait", suivi d'une
flottille qui ne parvenait pas à se séparer de lui.
² Jésus, d'abord passif et comme absent, est
réveillé : c'est l'heure de sa puissance. Il commande à la
mer démontée , comme Dieu a menacé le chaos
primitif (Ps 104,7), et il dit :"Silence ! Tais-toi !", comme à
l'esprit impur (1,25). Sur le champ, la mer obéit, comme il est dit dans le
Psaume: "II ramena la bourrasque au silence et les flots se turent. Il se réjouirent de les voir
s'apaiser, il les mena jusqu'au port de leur désir"(Ps 107,29-30). Et
Jésus, à son tour, fait des reproches :"Vous avez eu si peur, parce que
vous manquez de foi !" Comme s'ils pouvaient courir un danger alors que
Jésus est là, et qu'il dort. Et la "grande crainte" que les disciples éprouvent (cf. Jonas 1,10) ne débouche
que sur une question: "Qui donc est-il ?"
² La vie spirituelle nous fait revivre souvent
l'angoisse des disciples. Quand les dangers, les
incertitudes ou les incompréhensions
s'amoncellent autour de nous, notre premier réflexe est de craindre, comme si
nous étions seuls, et condamnés à périr, comme si Jésus n'était pas en nous,
pour nous fortifier et nous tirer de l'isolement. Ce qui nous surprend, c'est
le calme qui se fait en nous quand Jésus a parlé et quand nous l'avons appelé au
secours. Quand nous descendons en nous jusqu'au niveau de la foi, quand nous acceptons de voir les
choses et les personnes comme Jésus les voit, quand nous décidons de nous en
remettre à lui et d'adopter son langage, notre barque cesse de faire eau de toutes
parts, le vent tombe, et nous nous reprenons à espérer.
Mais il est des
tempêtes, subites ou habituelles, que nous ne pouvons affronter avec nos seules
forces et dont Jésus veut se
rendre maître. Il faut seulement que nous allions plus loin qu'une question, et
qu'un acte de foi authentique vienne nous
libérer.
Qu'est-ce qui
pourrait lui faire obstacle, si le vent et la mer lui obéissent ?