Mc 3,1-6
²
"Le Fils de
l'homme est
maître, même du sabbat", ainsi se terminait
l'Évangile que nous lisions hier, et nous
avons du mal
à imaginer à quel point
de telles paroles
pouvaient remuer, étonner,
chacun des auditeurs de Jésus.
Le Fils de
l'homme,
c'est-à-dire l'envoyé de Dieu
tel que le
décrivait le prophète Daniel, est maître,
même du sabbat, comprenons
: il a le pouvoir d'interpréter aux hommes la volonté
de Dieu,
même le commandement
du repos sabbatique.
Sur un point,
les adversaires de Jésus ne
se trompaient pas : Jésus
revendiquait bien une sorte d'égalité avec
Dieu, et cela devait effectivement paraître blasphématoire... À moins
que Jésus ne
donne des preuves
de sa mission,
et de son
pouvoir divin. Et c'est
ce qu'il fait
en appelant le paralysé:
"Viens te mettre là,
devant tout le monde...". L'homme n'a
rien demandé, et c'est
Jésus qui prend
l'initiative, mais, comme toujours dans les Évangiles, le miracle
s'adressera directement à la foi, ici
à la foi
de tous les
témoins dans la synagogue,
et Jésus joint à son geste
de guérison une catéchèse sur le sabbat, qui est
en même temps
un enseignement sur sa personne.
² Les théologiens, du temps de Jésus, se rendaient
compte que Dieu ne cessait pas vraiment d'œuvrer
le jour du sabbat, sinon, disaient-ils, la nature et
les vivants cesseraient d'exister.
Or les hommes
continuent de naître et de
mourir, même le jour du
sabbat. Un
rabbi (R.Yohanan) expliquait :"Dieu a gardé dans sa
main trois clés, qu'il
ne confie à
personne : la clé de
la pluie, la clé de
la naissance, la clé de
la résurrection des morts (jugement)". Aucun doute pour les rabbins : Dieu utilisait ces clés même le
jour du sabbat.
² On saisit, dès lors, le raisonnement de Jésus:
"Vous me reprochez de sauver une
vie le jour
du sabbat.
Mais vous admettez
bien que ce jour-là Dieu
fasse œuvre de vie ! Laissez-moi
donc agir pour
la vie,
et reconnaissez que je fais
l'œuvre même de Dieu …"Je suis maître du sabbat... J'ai reçu
la clé du sabbat !".
La main paralysée
qui se remet
à vivre,
c'est, aux yeux de Jésus, une preuve
de son pouvoir divin : tout comme Dieu,
uni à son
Père, Jésus
a la puissance de faire vivre
et revivre. Pour ses ennemis
aveuglés, ce
miracle est une raison de
le faire mourir :"Une fois
sortis, les Pharisiens se réunirent avec les politiciens (partisans d'Hérode) pour voir comment
faire mourir Jésus". C'est la tentation de
l'incroyance à toute époque : on retourne contre Dieu même ses preuves
d'amour.
Quant
à nous qui avons trouvé
en Jésus Sauveur
le sens de
notre vie,
de notre présence
sur terre et
de tous nos
dévouements, approchons-nous, dans
la foi, pour
être guéris des paralysies de notre intelligence
et de notre cœur ; approchons-nous
de Jésus,
maître de la vie, et
tendons-lui, sans attendre, notre âme
desséchée.