La table des pécheurs
Mc 2,13-17
Nous voici rassemblés autour de la table du Christ, tous invités, tous heureux d'être là, à la fois accueillants et accueillis : accueillant la parole de Jésus accueillis dans son amour.
² Notre regard, instinctivement, fait le tour de la table.- Surprise : il n'y a que des pécheurs! Pas des pécheurs à la manière de Matthieu le publicain, des hommes que l'on montrait du doigt à cause de leur métier ; mais des pécheurs et des pécheresses à la manière des psalmistes, qui découvrent chaque jour le péché leur péché, tapi au fond du cœur.
De fait nous arrivons tous à l'Eucharistie, non pas comme des justes, pleinement ajustés au vouloir du Dieu sauveur, mais avec des pesanteurs, des crispation et des refus, avec des joies et des craintes qui ne sont pas selon Dieu.
² Et malgré notre désir de nous ouvrir à la vie que Jésus nous apporte, jour après jour nous lui avouons notre malaise. Nous sommes inquiets du temps qui a passé, du temps qui passe et qui accentue notre dérive, à distance de l'appel entendu et de l'amour promis.
Des pécheurs et des malades : voilà ce que nous sommes, autour de la table de Jésus. Mais une fois de plus, aujourd'hui, sa parole nous apporte une lumière qu inverse en joie toute tristesse, même et surtout celle du péché : "Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades".
² La voilà, la révélation capable d'illuminer tous les visages, autour de la table des pécheurs : Jésus veut être lui-même notre médecin!
C'est lui qui d'abord va se charger du diagnostic. Nous, nous souffrons, et nous lui disons notre souffrance ; mais c'est lui qui va nommer notre mal, mettre le doigt sur les causes et refaire avec nous l'histoire de nos misères, pour les guérir jusqu'à la racine.
² Car c'est lui aussi qui va trouver les remèdes et qui va rythmer la cure, pour peu que nous nous laissions faire.
Qu'est-ce qui pourrait nous détourner de lui faire confiance? Pour lui, pour Jésus médecin, nous n'avons pas de secrets, et nous savons d'avance qu'aucune rechute ne l'étonne et qu'aucune plaie ne le rebute.
Il a l'habitude des malades et des convalescents, et tous ceux, toutes celles qu'il invite pour l'expansion du Royaume, sont des malades qu'il a guéris et des pécheurs qu'il a pardonnés.
Nous le savons bien, nous qui souvent mangeons à sa table : l'appel à la prière que nous entendons ne fait que rendre plus vive la conscience de notre pauvreté et plus urgente notre conversion à l'Evangile.
Quelles que soient les grâces du passé, quelles que soient les faveurs que Jésus nous réserve, notre vie, jusqu'au bout, sera une histoire de salut, l'histoire d'une guérison. C'est cette certitude qui nous rend chaque jour si confiants et heureux, à la table des pécheurs.