Les porcs de Gerasa
Mc 5,1-20
² Jésus traverse le lac en
direction de l'Est, et il arrive en plein pays païen, où les gens,
contrairement à la Loi juive, élèvent des porcs en quantité.
Dans cette région hostile, il ne va pas
tenter une prédication devant les foules. Il va s'occuper uniquement du premier
malheureux qui se présente. C'est à la fois un malade mental et un possédé, et
comme souvent, il est impossible de tracer une frontière entre la maladie et
l'emprise du démon.
Mais Jésus va le guérir, pour montrer le
pouvoir qu'il a, en tant que Fils de Dieu, sur les puissances du mal qui
travaillent le monde et le cœur des hommes.
"Nous sommes légion",
dit l'esprit du mal par la voix du malade.
Chez
les Romains, une légion, c'était six mille hommes ! Et de fait, c'est de mille
manières que le mal fait son œuvre, arrachant des cœurs humains toute racine de
foi et d'espérance.
À lui seul Jésus va donc vaincre une
légion de démons : c'est le signe que le Règne de Dieu fait irruption avec lui
dans le monde, et que le règne du mal est voué à disparaître.
² Le démon déjà reconnaît par
trois fois cette puissance de Jésus :
-
d'abord
au moment où le possédé se prosterne, en disant :"Que me veux-tu, Jésus,
Fils du Dieu Très-Haut ?",
-
puis
quand les démons supplient Jésus de ne pas les expulser,
-
enfin
au moment où ils proposent à Jésus un marchandage :
"Tu me laisses les porcs, animaux
impurs, et moi je t'abandonne cet homme !"
Jésus accepte, mais pour montrer aussitôt que ce
marchandage n'a pas de sens : rien n'arrêtera sa puissance, rien ne retardera
sa victoire ; même en se réfugiant dans des porcs, on n'échappe pas à la force
du Fils de Dieu. Quand on fait place aux forces du mal, c'est toujours
finalement pour la mort.
Et le troupeau va s'engloutir dans la
mer.
² Parfois nous sommes tentés,
nous aussi, de marchander avec le Seigneur :
"Seigneur, laisse-moi
ce
petit coin d'égoïsme,
cette
petite paresse ou cette nonchalance à la prière,
une
petite oasis, un petit palmier dans le désert,
laisse-moi
mes porcs".
Et Jésus nous répond, en quelque sorte, à travers ce
récit du possédé :
"Laisse-moi te libérer,
ne te raccroche pas à des riens qui ne
font pas ton bonheur,
lâche une fois pour toutes le troupeau
de tes misères,
qu'il disparaisse pour toujours dans les
flots de ma miséricorde".
² Jésus donne toujours à la
fois son pardon et sa confiance.
L'ancien possédé, une fois revenu à son bon sens, veut
se mettre immédiatement au service de Jésus et partir avec lui en Galilée ;
mais Jésus – et c'est là la marque de confiance – lui répond :
"Tu as mieux à faire.
Va chez toi, auprès des tiens,
et rapporte-leur tout ce que le Seigneur
a fait pour toi dans sa miséricorde".
Rencontre de Jésus, guérison, mission :
c'est toute l'histoire de ce malheureux.
C'est l'histoire de notre bonheur.