"Croyez à la bonne nouvelle"
Mc 1,14-20
La première chose que Jésus a proclamée au début de son ministère public est une parole d'espérance : j'ai pour vous une bonne nouvelle, la bonne nouvelle de Dieu.
Et le contenu de cette bonne
nouvelle d'espérance tient en quelques mots : les temps sont accomplis ; le
Règne de Dieu est là.
Les temps sont accomplis, ceux que Dieu gardait
secrets ; le "mystère", le plan d'amour que Dieu a "tu"
durant les temps éternels (Rm 16,25), il le manifeste maintenant ; après avoir
parlé par les prophètes, Dieu nous parle par son Fils, et la voix d'homme qu'on
entend est celle du Fils de Dieu, la voix de l'héritier.
Parce que les temps sont
accomplis, parce que Dieu a jugé que le monde avait suffisamment mûri, le
Règne de Dieu est là, vraiment là, en ce Fils qui est resplendissement de
sa gloire et expression de son être, en ce Fils qui est Jésus de Nazareth sans
cesser d'être le Verbe qui porte l'univers.
Et en réponse à cette avance
inouïe que Dieu nous fait, que nous demande-t-il ? Deux choses indissociables :
convertissez-vous – croyez (croyez justement à la bonne nouvelle : nous sommes
entrés dans les jours définitifs, parce que Dieu nous parle en son Fils).
La conversion, la foi :
impossible de vivre l'une sans l'autre. Si nous nous convertissons, si nous tournons
le dos à nos idoles, c'est pour répondre à l'Envoyé, c'est pour servir le Dieu
vivant, venu à nous en Jésus Christ. Et inversement, venir à Jésus Christ,
accueillir le Messie de Dieu, c'est recevoir un amour qui transforme, c'est
entendre un appel qui nous fait prendre une autre route, c'est accepter de
devenir autre, sur la route de tous les jours, et c'est cela, la conversion :
la conversion du regard et du cœur, qui nous prépare à la mission de Jésus.
La foi et la conversion vous
ont amenées ici, mes sœurs, au cœur de l'Église, comme permanentes de la
prière. Le Règne de Dieu, pour vous, il est là, et aujourd'hui plus que jamais
le Christ Jésus vous demande de croire à la bonne nouvelle, de vivre au cœur de
l'Église et du monde, comme de petites flammes d'espérance.
Dieu n'a pour le monde que
des pensées de paix. Dieu, en ces jours du monde, s'est réconcilié les hommes
en Jésus Christ. Dieu veut hâter son œuvre : ce qu'il attend, c'est de nous
voir espérer. De ces grandes convictions, vous pouvez vivre intensément, mes sœurs,
tout comme, en leur temps, Thérèse d'Avila, Thérèse de Lisieux et Elisabeth,
enfouies, au compte du Règne de Dieu dans "le grand silence du
dedans".Vous aussi, silencieusement, vous pouvez redire au monde que Dieu
veut réussir l'homme, que toute l'histoire des hommes, et toute histoire
d'homme, se déploient sous le signe de la bonne nouvelle, donc dans la lumière
d'une espérance, celle de Jésus, Soleil Levant.
"Venez, suivez-moi ;
venez après moi", a dit Jésus à Simon et à André, puis à Jacques et à
Jean, "je ferai de vous des pécheurs d'hommes".
À peine convertis à Jésus,
ils sont appelés ; à peine appelés, ils sont envoyés ; et cette mission, ils devront
la vivre dans la foi, car, on a beau savoir pêcher le poisson, on n'est jamais
prêt pour la pêche des hommes. Elles en savent quelque chose, celles que le
Seigneur, pour un temps, place à la tête des communautés ; mais pour vous
toutes, appelées par Jésus dans le silence du cloître, la pêche est toujours
une pêche invisible, et souvent une pêche de nuit, avec les seuls filets de la
prière, de l'offrande et de la volonté d'accueil.
Vous savez quelle liberté
intérieure et quelle désappropriation votre tâche réclame, si vous voulez
rester, dans le silence, une bonne nouvelle de Jésus ; vous savez quel
supplément d'amour il vous faut pour reprendre chaque jour la construction de
la maison fraternelle, quelle conversion du regard et du cœur Jésus attend de
vous à chaque Eucharistie.
La pêche dépasse vos forces,
car c'est la pêche du Seigneur.
Laissez là vos filets, et
suivez-le.