Mc 3,31-36
Jésus n'a pas
fondé de dynastie et les Évangiles nous le montrent très attentif à ne
pas accorder de privilèges à sa famille
humaine.
Dans l'épisode
que rapporte saint Marc, Marie et les cousins
de Jésus ont
visiblement l'intention de ne
pas déranger le Maître: il restent dehors et le font demander. Mais il
s'attendent quand même à
un traitement spécial ; sans
déranger Jésus, ils vont
quand même l'interrompre.
Les gens,
dans la maison, se passent
la nouvelle et avertissent Jésus: "Ta mère et tes frères et tes sœurs sont là dehors, qui
te cherchent!"
Jésus n'arrête
pas son enseignement. Il va
même utiliser l'incident comme
thème nouveau de catéchèse.
"Celui qui fait la
volonté de Dieu, celui-là
est mon frère, ma sœur,
ma mère ". Au-delà du cercle des auditeurs, qu'il parcourt du
regard, Jésus rejoint ses disciples, de tous lieux
et de tout
temps, la
communauté universelle fondée sur la
base d'un même
amour de la
volonté de Dieu. C'est la
fidélité à Dieu qui rend proche de Jésus, ami
de Jésus,
frère et sœur de Jésus.
Admirons ici le tact de Jésus : il ne critique pas les membres de
sa famille,
il ne dévalue
pas les liens
familiaux, mais il étend
sa famille aux dimensions du monde en
entier et la
fonde sur l'obéissance au Père, qui
était pour lui la vraie
nourriture.
Il ne veut
pas de privilège
pour sa famille, mais il
offre à tous
le privilège de compter au
nombre de ses
intimes. Tous
les liens de
la terre s'effacent devant
cette proximité que Jésus offre, devant cette
fraternité avec lui qui s'enracine dans l'amour du
Père et de
sa volonté.
Saint
Paul, lui
aussi, nous
parle, à
sa manière,
d'un lien privilégié
avec le Christ,
offert à chacun
et à tous. Il dit, du Fils
de Dieu:
"Il m'a aimé, et s'est livré pour moi". Or Jésus, de son
vivant sur terre, n'a
pas connu Paul, et Paul
n'a pas rencontré Jésus en Galilée ni
en Judée.
Paul a donc
été aimé au
moment où Jésus
donnait sa vie pour la multitude,
et au cœur de cette multitude Paul se sent
et se dit
aimé, de manière personnelle et irremplaçable : "Il s'est livré pour moi".
En réponse à
cet amour et
à ce don
du Christ,
Paul garde sans cesse deux réflexes
: - il vit
dans la foi
au Fils de
Dieu sa vie
"dans la chair", c'est-à-dire
sa vie concrète
d'homme créé qui se heurte à ses limites; - ils
se considère comme crucifié avec le Christ, avec l'ami qu'il veut
rejoindre dans le don de
lui-même.
Par cet accueil, dans la
foi, du
Christ comme Fils de Dieu, et par
cette identification à lui sur
la croix,
Paul permet à Jésus de
garder à tout
moment l'initiative du salut :"Ce n'est
plus moi qui
vis, c'est le Christ qui vit
en moi", qui désire
en moi,
qui acquiesce en moi, qui
répond en moi
à l'amour
du Père.
Et l'heureuse
fortune de Paul est offerte
à tous les
croyants. En chacun de nous, la vie
de frère et
de sœur de Jésus s'épanouit
dans un partage
constant de son mystère et
de sa gloire de Fils.
Nous n'avons pas croisé Jésus sur les routes
de la Terre Sainte, et
pourtant nous osons dire,
avec une surprise toujours nouvelle :
"Il m'a aimé, et s'est
livré pour moi".