Rien n'est caché

                                                                                                                                               Lc 12,1-7

                                                                                                                                          Ep 4,29 - 5,2

 

    

Charité, vérité, confiance: tels sont les trois mots d'ordre que nous laisse aujourd'hui la liturgie de l'Église.

 

²  Concernant la charité fraternelle, Paul entre dans les détails, et il relève surtout le danger d'agressivité, dans les paroles comme dans les sentiments entretenus: aigreur, méchanceté. Mais plus encore que l'énumération des fautes, ce qui doit retenir notre attention, c'est le fondement théologique et trinitaire que saint Paul veut donner à nos efforts d'accueil et de compréhension:

- si nous veillons à ne prononcer que des paroles qui "construisent" et qui font du bien à ceux qui les entendent, c'est "pour ne pas contrister l'Esprit Saint qui nous a [tous] marqués de son sceau", c'est pour ne pas entraver l'action de l'Esprit, Lien divin qui veut unir les hommes;

- si nous nous pardonnons mutuellement et que nous ne laissons subsister en nous que des réflexes de bonté et de compassion, c'est "afin d'imiter Dieu comme des enfants bien-aimés", car "Dieu nous a pardonné [et ne cesse de nous faire grâce] dans le Christ";

- si nous choisissons de "marcher par le chemin de l'amour", et donc de nous livrer tout entiers au service de nos frères, c'est pour reproduire le destin de Jésus, le Serviteur, "qui nous a aimés et s'est livré pour nous."

 

Toute vie contemplative et toute spiritualité trinitaire seraient un leurre, si elles ne débouchaient pas concrètement, et chaque jour, sur un souci actif de la vie fraternelle, car on ne peut s'approcher du Dieu vivant sans être annexé puissamment au circuit de la charité qui, dans l'Esprit, part de Dieu et revient à Dieu.

Dieu est amour; et c'est l'amour fraternel qui fait de nous "un sacrifice d'agréable parfum" en l'honneur de ce Dieu qui nous aime.

 

² C'est cette option courageuse pour une vie toute donnée qui nous permettra de nous présenter à Dieu et aux autres en toute vérité et limpidité de cœur.

"Rien n'est caché qui ne soit un jour connu": nous n'avons en effet plus rien à dissimuler ni à garder en réserve, si l'amour-charité demeure la seule visée de notre vie. Peu importe alors que notre vie toute simple et toute livrée devienne transparente pour ceux qui nous entourent, si tous nos secrets sont des secrets de charité. Nous n'aurons jamais peur de la lumière, si nous marchons dans la vérité de l'amour. Nous n'aurons pas à craindre que nos confidences soient hurlées sur les toits, si toutes nos paroles, même les plus secrètes, sont porteuses, humblement, de la tendresse de Dieu.

 

² La tendresse de Dieu, c'est aujourd'hui le dernier mot du Christ dans l'Évangile, et c'est le point d'appui de notre confiance.

Dieu suit le moindre moineau dans sa vie active et insouciante; Dieu voit blanchir chacun de nos cheveux: que pourrions-nous craindre quand nous sommes dans sa main, quand il nous offre chaque jour le Corps et le Sang de son Fils, quand son Esprit est sans cesse à l'œuvre dans notre vie pour nous recréer à l'image du Bien-Aimé?

 

 C'est ce Dieu de bonté qui nous veut tout enseignables; c'est ce Dieu limpide qui veut nous donner la joie d'être vrais devant Lui et devant les hommes. Face à son amour totalement gratuit qui nous a choisis de toute éternité, notre réponse ne peut être que le cri enthousiaste et confiant des Psalmistes: "Que vive mon âme pour te louer!"; "Tu aimes la vérité au fond du cœur: instruis-moi des profondeurs de la sagesse!" (Ps 119,175; 50,8).

 

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