Béelzébul
Lc 11,14-25
La guérison d'un possédé déclenche des réactions diverses dans l'auditoire de Jésus. La foule s'étonne. Certains réclament autre chose avant d'admettre qu'il est le Messie, "un signe venu du ciel", comme l'arrêt du soleil ou de la lune, ou un signe dans les étoiles. D'autres enfin vont plus loin: selon eux Jésus a passé un pacte avec le démon, avec Baal le Prince, Béelzébul, la vieille divinité phénicienne.
Et c'est l'occasion pour Jésus de se situer clairement face au faux "prince" de ce monde, de se situer et de nous situer, car c'est sur cela que débouche finalement son bref discours.
Jésus veut inculquer à ses disciples trois convictions:
La première, c'est que, si le démon est réellement chassé, le Règne de Dieu sûrement est là, que Dieu est à l'œuvre en lui, Jésus. Devant les prodiges accomplis par Moïse au nom de Dieu, les magiciens d'Egypte avaient su dire: "C'est le doigt de Dieu!" (Ex 8,15). Il y a maintenant plus que Moïse, et ce sont maintenant des fils d'Israël qui demeurent incrédules.
Deuxième affirmation, que Jésus présente comme une évidence: si le faux prince s'en va, c'est qu'un autre, plus fort, a réussi à le vaincre; et cet autre, c'est Jésus Messie, par qui le Règne de Dieu fait irruption dans le monde.
Mais la troisième parole de Jésus nous concerne directement: s'il est vrai que Satan a trouvé son maître, définitivement, les suggestions du mal peuvent toujours revenir dans notre cœur si nous usons mal de notre liberté. Nous pouvons toujours tourner le dos à la victoire de Jésus; et les rechutes peuvent être très lourdes.
La conclusion, Jésus lui-même nous la souffle, et elle tiendrait en une phrase: il est urgent de choisir.
Opter concrètement pour le Règne de Dieu est un devoir, et pour un croyant la neutralité est impensable face à l'Évangile. Ne pas choisir, c'est déjà trahir: "celui qui n'est pas avec moi, disperse"; celui qui n'aide pas, positivement, le Berger, travaille déjà à disperser le troupeau; celui qui n'œuvre pas pour l'unité déchire, pour sa part, le tissu de la vie fraternelle.
Paroles abruptes de Jésus, qui nous tiennent "éveillés en la foi".
Paroles qui n'effacent pas le message de miséricorde, car, nous le savons, même nos refus, même nos inerties, même nos rechutes n'arrêteront jamais le Berger qui nous cherche.
Jésus, qui a déjà su "balayer notre maison" et l'arranger pour qu'elle soit heureuse et accueillante, saura bien en retrouver le chemin.
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