Hérode

                                                                                             Lc 9,7-9

      

Hérode Antipas, fils d'Hérode le Grand, gouverna la Galilée et la rive est du Jourdain de l'an 4 avant à l'an 39 après Jésus-Christ, donc durant tout le temps de la vie de Jésus. On l'appelait le Tétrarque, pour le distinguer du roi son père.

 

²     À lire ces quelques versets, on pourrait se demander si cet Hérode Antipas ne méritait pas la sympathie de Jésus. Fort bien renseigné sur tout ce qui se passait en Galilée, il demeurait perplexe. Les faits étaient là: les guérisons authentiques, les autres miracles dûment constatés; mais les gens émettaient à propos de Jésus des jugements très différents. Ceux qui croyaient à la résurrection pensaient que peut-être le Baptiste était ressuscité; on leur objectait que Jean Baptiste n'avait jamais fait aucun miracle. D'autres se référaient aux prophéties de Malachie (3,23) sur le retour d'Élie, ou encore aux promesses du Deutéronome sur la venue d'un prophète "tel que Moïse".

Au fond, les gens faisaient toujours appel à des personnages connus, soit par la tradition, soit par les événements contemporains, comme pour ramener Jésus à un cas déjà familier.

 

Or Hérode continuait à se poser des questions.

Formé à la grecque, il ne pouvait guère admettre une résurrection des corps, et les autres explications de la foule ne lui suffisaient pas. Il désirait voir Jésus. Cela nous est dit également de Zachée, handicapé par sa petite taille. Mais pourquoi ce roi cherchait-il à rencontrer le rabbi de Nazareth?  Pour entendre de lui le message du Règne de Dieu? pour l'interroger sur son enseignement?

Dans l'Évangile de Luc, c'est le récit de la passion qui fait la lumière sur le véritable désir d'Hérode.

 

² De fait Hérode verra Jésus, quelques  mois plus tard, lors de son procès, lorsque Pilate, ne sachant que penser ni que faire du "Roi des Juifs", l'enverra au tétrarque de Galilée présent à Jérusalem au moment de la Pâque. "À la vue de Jésus, Hérode fut tout joyeux [de nouveau comme Zachée!]. Depuis longtemps en effet il désirait le voir pour ce qu'il entendait de lui, et il espérait lui voir faire quelque miracle. Il l'interrogea donc avec force paroles, mais Jésus ne lui répondit rien [car il n'était pas en quête de la vérité]. Hérode donc, après l'avoir, avec ses gardes, traité avec mépris et bafoué, le revêtit d'un manteau magnifique et le renvoya à Pilate".

 

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Un roi de parade, un roi de pacotille, un roi de carnaval: c'est  tout ce qu'Hérode a su voir en Jésus, car il ne pouvait admettre ni imaginer une royauté d'un autre type que la sienne. Comparée à la royauté de Jésus, qui n'est pas de ce monde, c'est en réalité la royauté d'Hérode qui était fragile et caduque; mais il lui aurait fallu entrer dans le message de Jésus pour découvrir en lui "plus grand que Salomon".

Le malheur d'Hérode, comme celui de Pilate, c'est d'être resté aveugle et inerte devant la vérité: parce qu'il ne parvient pas à se hausser au niveau de la vérité, il rabaisse la vérité jusqu'à la tourner en dérision.

C'est le même drame qui peut nous visiter et stopper les progrès de notre vie de foi. Quand nous ne laissons pas Jésus nous élever jusqu'au mystère de sa personne, jusqu'à sa vision des choses, jusqu'à l'espérance qu'il apporte, même les choses les plus saintes peuvent perdre pour nous leur attrait, même Jésus peut se dévaluer à nos yeux.

 

Nous lui laissons un manteau magnifique, mais il s'en va seul vers sa passion.