La lampe

                                                                                                                                      Lc 8, 16-18   

 

     

² Il n'y a rien de si triste qu'une lumière qui ne brille pour personne, rien de plus insensé que de contraindre ou de masquer la lumière. Personne n'aurait la folie d'allumer une lampe pour la cacher aussitôt; à plus forte raison le Père du ciel ne veut-il pas cacher la lumière qu'il a lui-même allumée en nous à la flamme de la parole de Jésus  et qui nous donne accès aux secrets du Royaume.

 

Il nous a placés là où nous sommes, humbles lampes de tous les jours, pour qu'en nous consumant nous fassions pauvrement reculer les ténèbres de ce monde. Là où Dieu nous a placés, notre pauvreté est irremplaçable. Et notre pauvreté devient richesse dès qu'un frère ou une sœur approche de l'entrée; car alors notre lumière révèle son visage.

 

² Celui qui revient en pleine nuit cherche péniblement la maison et tâtonne ensuite longuement dans l'entrée, parce que personne ne l'attend. Et bien souvent, c'est l'expérience douloureuse que nous faisons dans la vie fraternelle: nous ne trouvons pas l'accès de la maison du frère, et l'entrée de son cœur n'est pas éclairée, parce qu'il ne nous attend pas ... ou n'attend plus personne.

Cette difficulté de rejoindre l'autre, cette déception sans cesse renaissante dans le dialogue, doivent nous convertir nous-mêmes à l'accueil: à quelque heure qu'il se présente, le frère doit trouver en nous une lumière pour lui.

 

² D'ailleurs cette lumière ne vient pas de nous et ne nous appartient pas: elle ne marque pas l'entrée de notre maison, mais le vestibule de la maison de Dieu, car c'est Dieu qui attend mon frère; c'est Dieu qui l'invite.

Bien souvent le frère entrera sans même remarquer la lumière. Il trouvera naturel que Dieu l'ait allumée; et ce sera bien ainsi, puisqu'il entre pour rencontrer Dieu.

Et quand le frère aura trouvé Dieu, notre pauvre lumière continuera de veiller, au service d'un nouveau visage qui sortira de l'ombre à l'heure de Dieu, à l'appel de Dieu. Car il n'est rien de caché qui ne devienne un jour manifeste, en venant à la lumière de Dieu; il n'est rien de fermé qui ne puisse s'ouvrir quand s'ouvrent les mains de Dieu; il n'est rien de secret, ni misère ni richesse, qui doive redouter le plein jour du Verbe de Dieu.

 

Et notre lampe, pourtant dérisoire, est un relais de cette clarté qui brille sur la Face du Christ.

 

 

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