Marie méditait tous ces événements dans son cœur

                                                                                                                               Lc 2,15-19

 

 

 

Marie retenait, pour les méditer dans son cœur, tous ces événements. Saint Luc écrit: "toutes ces paroles"; et cette souplesse du langage biblique nous met sur le chemin du mystère de Marie. Pour elle, en effet, chaque  événement devenait une parole de Dieu, parce qu'elle savait faire de chaque parole un événement.

 

Marie, très consciemment, a placé toute son existence sous le signe de la parole de Dieu: "Qu'il m'advienne selon ta parole!" Bien souvent elle a dû redire cette consécration du premier jour tout au long de sa vie de foi et d'espérance.

L'Évangile nous présente la Vierge de Nazareth comme une croyante profondément imprégnée du message des prophètes et des psalmistes. L'Écriture était devenue son langage spontané, son univers d'images et de pensée, le trésor d'où elle tirait sans cesse de vieilles choses à chanter et de nouvelles à vivre. Marie savait s'émerveiller, parce qu'elle était simple et limpide; et sa prière continuelle était à la fois un regard et une souvenance: Marie contemplait le dessein de Dieu, elle s'y référait et s'y insérait sans se lasser, docilement, comme une servante, "en pauvreté d'esprit".

C'est pourquoi, remplie de l'Esprit Saint, elle put comprendre en un éclair, au jour de l'Annonciation, que sa maternité allait accomplir en une fois, et une fois pour toutes, toutes les espérances de son peuple et toutes les promesses de Dieu; et son oraison de ce jour-là se reflète dans son cantique d'action de grâces lors de la Visitation:                            

"Mon âme exalte le Seigneur

                               et mon esprit tressaille de joie au sujet de Dieu, mon sauveur,

                               parce qu'il a jeté les yeux sur l'humilité de sa servante.

                               Il a porté secours à Israël, son serviteur,

                               se souvenant de sa miséricorde,

                               ainsi qu'il l'avait promis à nos pères".

Dieu regarde, Dieu se souvient. C'est pourquoi Marie mettait sa joie à regarder et à se souvenir. Et puis elle sentait bien, en toute humilité et transparence à la volonté de Dieu, que sa propre vie était une nouvelle merveille de Dieu, un geste nouveau de sa puissance, une nouvelle parole adressée au monde, une de ces paroles divines qui créent, recréent, et font jaillir l'événement.

À Nazareth et à Bethléhem, elle savait, intuitivement, que la naissance de son enfant allait être, pour les hommes désespérés, "assis dans l'ombre de la mort", la première épiphanie de Dieu dans la chair, la première proclamation du Règne dans l'aujourd'hui des hommes, la première liturgie de la Parole.

 

Nous comprenons alors aisément comment Marie peut être l'éducatrice de notre regard intérieur, comment  elle peut nous apprendre à écouter la parole de Dieu, à l'accueillir en terre profonde avec un cœur de pauvre, et à la garder en vérité par nos œuvres.

Nul plus qu'elle, nul mieux qu'elle "n'a entendu, n'a vu de ses yeux, n'a contemplé, n'a touché de ses mains le Verbe de vie"; et puisque nous sommes en quête " de cette vie éternelle qui s'est manifestée, qui était auprès du Père et qui nous est apparue" grâce à Marie, soyons en communion avec la Mère de Dieu, car sa communion à elle "est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ" (1 Jn 1,1-4).

 

Marie, modèle des femmes et des hommes de prière, a conçu par sa foi et dans sa chair la Parole éternelle de Dieu; elle veut nous aider maintenant à incarner dans nos vies tiraillées, bousculées, désunies, les paroles et les exemples de son Fils. Et parce que ces paroles du Christ sont esprit et vie non seulement pour nous, mais pour tous les peuples de tous les temps, Marie, reine des apôtres, soutient du haut du ciel les efforts et les luttes des messagers de l'Évangile.