"Moi, je le connais!"

Jn 8,51-59

 

 

 

 

 

 

 

"Moi, je le connais!"

 

Dans cette affirmation de Jésus, Fils de Dieu parlant de sa voix d'homme, se trouve enclos tout le mystère de sa personne, un mystère qui surpasse le temps et sur lequel la mort n'a pas de prise.

 

² "Moi, je le connais!" Dans la bouche de Jésus, ce n'est plus un argument, qui viendrait après tous les autres dans la controverse, c'est un témoignage, le témoignage fondamental qui porte tous les autres: "Je connais le Père; le Père et moi, nous sommes un".

Dans la révélation faite aux hommes du mystère trinitaire, cette parole de Jésus à propos du Père fait pendant à la déclaration du Père concernant Jésus: "Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je me suis complu".

 

² "Moi, je le connais!": c'est une parole qui est du niveau de la gloire, et le plus étonnant est d'entendre Jésus la prononcer au cœur même de l'échec, quelques minutes à peine avant que ses ennemis prennent des pierres pour le lapider. Le sommet de la révélation marque ici le point culminant du refus, tout comme, à la croix, le geste extrême de l'amour sera vécu dans un rejet quasi total. Il n'y aura, pour compatir, que Marie, Jean, et quelques femmes.

 

² "Moi, je le connais!" Nous touchons là le point le plus vibrant, le plus inaccessible, du cœur humain et de la liberté humaine du Fils de Dieu. Pour Jésus, vivre, c'est être fils; aimer, c'est être Fils; obéir, c'est être Fils; mourir par amour pour les hommes, c'est vivre sa liberté de Fils. Et puisque le Père nous a d'avance destinés à reproduire l'image de son Fils, toute joie qui habite notre cœur est destinée à rejoindre sa joie de Fils; tout notre désir de voir Dieu nous fait rejoindre Jésus dans son retour au Père; tous les balbutiements et toutes les impuissances de notre foi viennent se noyer dans le témoignage de Jésus qui redit devant nous et en nous: "Moi, je le connais".

 

Nous n'avons pas d'autre connaissance du Père que cette participation, pauvre et heureuse, au bonheur du Fils qui dit: "Moi, je le connais"; et c'est l'Esprit qui nous le donne en partage.

Nous n'avons pas d'autre rassasiement que la volonté du Père, celle dont Jésus, tous les jours, faisait sa nourriture, et c'est l'Esprit qui nous la découvre, dans la parole de Jésus.

Nous n'avons pas voulu garder d'autre richesse ni d'autre assurance que le regard posé sur nous du Père qui nous aime, ce regard que Jésus ne quittait pas du regard et que l'Esprit nous fait pressentir ou retrouver.

 

² Ce que nous apportons chaque jour à l'Eucharistie de Jésus, pour la gloire de Dieu et le salut du monde, c'est cette existence filiale, avec ses joies et ses nuits, c'est cette réponse filiale, authentifiée par notre vie fraternelle.

Si ce désir filial nous habite et nous fait cheminer, peu importe que nos mains soient vides, peu importe que les moissons demeurent invisibles, peu importe que le temps s'allonge ou qu'il presse; mille ans sont comme un jour, et Dieu, pour sa gloire, prépare la rencontre ou nous serons vraiment fils dans le Fils, filles dans le Fils, parce que nous le verrons tel qu'il est et que nous le connaîtrons comme nous sommes connus.

 

 

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