L’attente du Paraclet

Jn 16

 

 

 

 

 

² L’Esprit Saint qui vient sur nous aujourd’hui, comment l’attendons-nous? Avec un reste d’appréhension au fond du cœur pour le grand souffle qu’il peut déchaîner dans notre vie? avec une espérance molle, mêlée de lassitude? avec la résignation un peu triste de ceux qui se laissent paralyser par leur misère ou par les pauvretés de l’Église servante? Ou, au contraire, comme les vrais disciples, unanimes dans la prière, groupés filialement autour de la Mère de Jésus, communiant à une même allégresse du cœur, à une même confiance dans le Seigneur ressuscité?

Retrouvons ensemble nos raisons d’espérer, puisque Dieu nous veut tout accueillants à ce qu’il nous réserve.

 

² Celui qui vient aujourd’hui sur l’Église et sur chacun de nous, c’est celui que Jésus appelait la Promesse du Père et que lui-même nous a promis. Nous attendons, non seulement une force, une aide, une lumière, mais Dieu lui-même, Dieu le Saint Esprit, aussi vrai, aussi vivant, aussi éternel que le Père et le Fils. Nous accueillons la personne divine qui a pour noms don et amour, don toujours promis et promesse toujours tenue, celui qui condense de toute éternité le dialogue du Père et du Fils et les échanges de lumière entre Dieu et son Image, celui qui scelle l’union du Père et du Fils et qui scelle ici-bas tout ce qui s’unifie dans un cœur et dans le monde, celui qui veut investir aujourd’hui encore la maison fraternelle pour en prendre possession.

Qu’importent, dès lors, nos misères, nos sécheresses, nos raideurs: il vient pour laver, pour irriguer et assouplir; qu’importent nos échecs, puisque l’espérance ne peut nous décevoir (Rm 5,5); qu’importent les mensonges passés de notre amour, puisque Dieu-Amour veut nous apprendre à aimer et qu’il vient faire en nous toutes choses nouvelles.

 

² Toutes choses nouvelles ... c’est cela qui est pour nous à la fois enthousiasmant et redoutable.

Accepter dans nos vies la nouveauté de Dieu, c’est partir, comme Abraham, pour un pays que Dieu seul connaît; c’est renoncer d’avance à toute possession, à toute installation, à toute sécurité; c’est mettre toute notre vie sous le signe de l’Exode, et quitter l’avoir pour gagner l’être.

 

Aujourd’hui, sous nos yeux, le monde trop tôt vieilli se lézarde par endroits, le vin nouveau de l'Évangile fait éclater de vieilles outres qui en leur temps avaient fait leurs preuves. Des chrétiens, hommes et femmes, que l’on croyait solides, découvrant la fragilité de leur foi personnelle, sont pris tout à coup d’une étrange frénésie de détruire en eux et autour d’eux toute référence et toute certitude. Le bon grain et l’ivraie, les charismes et les trahisons, poussent côte à côte avec une telle force que les moissonneurs, perdus dans leur proche champ, en viennent parfois à se décourager; et les disciples du Christ, "ballottés à tout vent de doctrine" (Ep 4,14), sont tentés de regarder en arrière avec nostalgie, de déprécier le cadre quotidien de leur fidélité, ou, au contraire, de fuir en avant en reniant     leurs racines, comme si, brusquement, ils recommençaient à vivre.

Même nos familles et nos communautés connaissent des moments de tristesse, parce que "leur heure est venue" (Jn 16,21), l’heure d’enfanter une nouvelle vie fraternelle et un nouveau style de témoignage, dans la fidélité au premier appel du Dieu qui veut être aimé pour lui-même.

 

² Et pourtant, rien de tout cela ne doit entamer notre confiance dans la force du Ressuscité, qui nous redit aujourd’hui: "Voici que je fais toutes choses nouvelles" (Apoc 21,5; Is 43,19).

Les langues de feu de la Pentecôte se sont divisées pour se poser sur chacun des disciples. Aujourd’hui encore l’Esprit de Jésus crée dans l’Église la différence et la diversité, pour que soit plus belle encore l’unité, et plus riche d’harmonie la louange qui montera de tous les peuples de la terre et de tous les cœurs  d’une communauté.

Faisons à Dieu cet honneur et cette joie de ne pas trembler devant l’à-venir qu’il nous prépare, puisque nous tenons sa main et que l’amour parfait bannit la crainte (1 Jn 4,17). L’Esprit, qui a plané sur les eaux primordiales, travaille encore le monde qui naît sous nos yeux. De quoi aurions-nous peur? La venue de l’Esprit, c’est la chance du monde, et c’est pour nous, ici et maintenant, si nous le voulons, un départ nouveau vers la vérité tout entière.

 

 

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