"Je ne vous laisserai pas orphelins"

Jn 14,15-21

 

 

 

 

 

² Depuis une trentaine d'années, le monde a fait des pas de géant aussi bien dans la maîtrise des techniques nouvelles que dans la médecine, la chirurgie, et beaucoup de sciences humaines. Et pourtant les journaux, les revues, la télévision et les conversations journalières laissent apparaître une sorte d'angoisse en ce début du troisième millénaire, parce que la haine demeure puissante entre beaucoup de peuples, parce que la barbarie ressurgit ici ou là, aussi bien dans notre vieux continent que dans le tiers monde, parce que la science ne peut pas relever sur commande le défi des maladies nouvelles, et enfin parce que le tissu de notre société occidentale se trouve fragilisé par un  chômage galopant et par l'effacement des valeurs familiales.

 

² Et nous, les chrétiens, qui sommes porteurs de l'Évangile pour le monde, nous à qui  Jésus a révélé le prix de chaque vie et le sens de l'histoire, nous emboîtons le pas aux prophètes de la morosité, et il nous arrive, à nous aussi, de vivre, de penser, de réagir comme si le monde des hommes était abandonné à lui-même, comme si le cœur des hommes n'avait plus ni racines ni certitudes.

Jésus, aujourd'hui encore, vient triompher de notre désarroi et de notre tristesse, et  il nous redit, avant de nous fortifier par son Eucharistie, la parole d'espérance qu'il nous a laissée quelques heures avant de souffrir pour nous: "Je ne vous laisserai pas orphelins".

 

² L'orphelin est en quête d'affection et de sécurité, parce qu'il a perdu ses racines et les repères premiers de son cœur. Les disciples, un moment, croiront avoir tout perdu à la mort de Jésus; ils se croiront orphelins, sans guide vers le Père et sans lumière sur la route. Mais l'Esprit Saint, l'Esprit de la Pentecôte, leur ouvrira les yeux, et ils verront celui que le monde du refus ne pourra plus voir:

         "Je ne vous laisserai pas orphelins: je viens à vous.

           encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus;

           vous, vous me verrez vivant, et vous vivrez, vous aussi!"

Jésus, en disant: "Vous me verrez vivant", renvoie à deux expériences des disciples:

- vous me verrez, lors de mes apparitions, durant quarante jours;

- vous me verrez, vous pourrez toujours me voir, vous me verrez chaque jour, par les yeux de la foi.

 

² Quelle lumière sur notre vie personnelle, sur l'Église de Jésus et le destin du monde: "Vous me verrez vivant, et vous vivrez!" Avec Jésus, c'est toujours la vie qui sera victorieuse. Ce qui nous fait vivre, ce qui nous fera vivre au cœur même des incertitudes, c'est de voir Jésus vivant, de le voir vivre près du Père et vivre en nous. "En ce jour-là", ajoute Jésus, en ce jour qui s'étirera jusque la fin des temps, "vous connaîtrez que je suis dans le Père, que vous, vous êtes en moi, et moi en vous".

Toute notre foi chrétienne est là, toute notre espérance aussi, concentrées en deux phrases de Jésus. Ce que nous connaîtrons, au long de notre vie chrétienne, ce que notre adhésion de foi nous fera découvrir de plus en plus, avec un émerveillement grandissant, c'est que le Christ Jésus est en son Père, qu'il a en partage, pour toujours, la gloire qui n'est due qu'à Dieu. Jésus Christ est Seigneur , Dieu souverain à la droite du Père.

 

² Mais cette vie de Jésus, Seigneur de la gloire, nous concerne tous; et Jésus y insiste: "Vous connaîtrez que vous êtes en moi, et moi en vous". Vous en moi, moi en vous: ce qui nous est promis là, c'est une réciprocité totale entre nous et le Ressuscité.

Le Christ nous inclut en lui, frères et sœurs, et ainsi, par lui, avec lui, en lui, nous passons dans le Père. Alors nous trouvons nos racines, notre assurance filiale, notre vraie liberté. Loin d'être touchés, comme l'orphelin, d'une blessure de solitude, loin de nous retrouver fragiles et démunis, autonomes mais malheureux de l'être, nous voyons, dans la foi, le Père venir à nous pour établir en nous sa demeure:

         "Celui qui m'aime sera aimé de mon Père".

         " Si quelqu'un m'aime, mon Père l'aimera"

Voilà la promesse qui remet en route tous les désespérés.

Voilà la force intérieure qui fait les apôtres et les saints: la certitude d'être aimé.

 

 

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