Vie et lumière

Jn 1,4-5

 

 

En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes,
et la lumière luit dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l'ont pas saisie.

 

    

    ² Dans le Logos était la vie, la vie telle qu'elle est en Dieu. Le Logos était Dieu vivant.

Bien souvent la Bible nous parle du Dieu vivant, sans jamais nous dire en quoi consistent la vie et la vitalité de Dieu. Cela ne peut s'exprimer avec les mots humains, qui sont tous marqués de l'espace et du temps. La vie en Dieu, la vie de Dieu, nous pouvons seulement l'imaginer comme une jeunesse inaltérable, comme un bonheur toujours en renouveau, et une générosité toujours en jaillissement.  

    Cette vie de Dieu qui était dans le Logos est devenue source de toutes les formes de vie physique que nous connaissons sur terre; mais pour nous, les humains, elle s'est faite surtout lumière : "La vie était la lumière des hommes", lumière pour leur intelligence, lumière à l'intime du cœur, car nous ne vivons vraiment qu'en dialogue avec Dieu, dans un échange de regards et d'amour.

    Dès le premier instant de la création de l'homme et au long des millénaires de sa préhistoire et de son histoire, le Logos de Dieu s'est voulu pour l'homme et en l'homme source de connaissance et d'amitié ; et cela avant toute alliance explicite, comme une offre universelle à l'humanité qui a rempli la terre. L'Ancien Testament illustre bien cette volonté divine d'appel et d'accueil sans limites, lorsqu'il dit, de la Sagesse: 

"Elle est un reflet de la lumière éternelle,
un miroir sans tache de l'activité de Dieu, une image de sa bonté.
Demeurant en elle-même, elle renouvelle l'univers
et, d'âge en âge, passant en des âmes saintes,
elle en fait des amis de Dieu" (Sg 7,26s).

Le chantre du psaume 36 associe également les deux thèmes de la vie et de la lumière, dans une perspective universaliste. Ainsi il dit à Dieu dans sa louange: "Les fils d'Adam trouvent abri à l'ombre de tes ailes, en toi est la source de la vie, par ta lumière nous voyons la lumière" (Ps 36,8-10).


    ²  L'offre tout intime du Logos-Dieu à l'humanité n'a jamais été reprise, mais la réponse souvent s'est avérée dramatique :

"la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas saisie".
Il ne s'agit pas ici de la lumière ni des ténèbres cosmiques - car aucune nuit n'est assez sombre pour arrêter le jour -, mais bien de la lumière spirituelle du Logos et des ténèbres qui assombrissent le cœur de l'homme. Depuis longtemps la lumière est proposée aux humains ; elle brille sans lassitude. Mais les ténèbres se glissent dans le cœur de chacun, au point qu'il devient lui-même ténèbres. Or ces ténèbres d'un être libre qui se ferme deviennent comme réfractaires à la lumière du Logos ; ce sont les ténèbres du refus.  L'homme enténébré ne veut pas "saisir", il ne peut comprendre et accueillir la lumière qui pourtant se présente et se propose.
 

    Bien évidemment des pressions de tous ordres s'exercent sur la liberté des humains face à la vérité et au bonheur que le Logos apporte. L'évangéliste ne s'arrête pas, ici, à ces conditionnements individuels, mais retrace à grands traits l'histoire spirituelle de l'humanité. Celle-ci, malgré l'insistance amicale du Logos, s'est montrée et se montre globalement incapable de s'ouvrir à la foi.
 

     Qu'elle guérison demeure possible?
     Quelle surenchère de bonté le Logos pourrait-il offrir aux hommes pour qu'ils consentent à l'accueillir?
     Comment la vie qui l'habite deviendra-t-elle lumière pour ceux qui sont "assis dans les ténèbres et l'ombre de la mort?" (Lc 1,79).
     Les réponses seront apportées par la suite du Prologue. Mais en nous plaçant ainsi devant le drame du refus, aussi vieux que l'humanité, l'évangéliste nous prépare à entendre pour nous-mêmes les plaintes de Jésus :
    "Vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie" (Jn 5,40).
    "La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière" (Jn 3,19).

 

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