"Personne ne pourra les arracher de ma main"

Jn 10,22-30

 

 

 

 

 

 

 

 

² Fin décembre, il fait déjà très frais parfois sur les monts de Judée. C'est pourquoi Jésus fait les cent pas sous le portique de Salomon, pour se protéger du vent d'est, lui et ses auditeurs. C'est là que ses ennemis, faisant cercle autour de lui, le somment de s'expliquer clairement: "Es-tu le Messie, oui ou non? Es-tu le libérateur promis? Viens-tu ou non au nom de Dieu?"

 

² La réponse, Jésus l'a déjà donnée: elle est faite de paroles et d'œuvres, de paroles qui commentent ses œuvres et d'œuvres qui authentifient ses paroles comme celles de l'Élu de Dieu.

Et c'est encore cette double et unique réponse que Jésus nous fait lorsque nous guettons dans notre vie les signes de sa présence, lorsque nous lui demandons de rendre manifeste la libération qu'il nous apporte: il nous renvoie à ses paroles, porteuses de l'Esprit et de la vie (Jn 6,64); il nous remet devant les yeux ses œuvres qui parlent, qui témoignent, qui dévoilent en lui la puissance du Père: "Ces œuvres mêmes que je fais témoignent à mon sujet que c'est le Père qui m'a envoyé" (5,36).

 

² Et quel est ce témoignage, ce message qui émane des œuvres de Jésus? Jésus le résume en une phrase, qui dit à elle seule tout son mystère de Fils: "Le Père et moi, nous sommes un". Ce que fait visiblement le Fils manifeste ce que le Père, invisiblement, est en train d'accomplir par amour. Chaque œuvre du Fils est ainsi, dans le monde, une trace de l'amour du Père; et l'obstination de Jésus à sauver les hommes révèle quel prix nous avons aux yeux de Dieu.

Dieu tient à nous si fort qu'il nous serre dans sa main; et personne au monde ne serait capable de desserrer la main du Père, ni de le faire relâcher son amour. Mais la main de Dieu ne nous serre que pour nous protéger; car ce que Dieu aime, il le sauve; et quand il sauve, c'est pour toujours.

Mais dire que le Père sauve, c'est dire que le Fils sauve aussi, puisque tous deux sont un. C'est bien pourquoi Jésus parle d'abord de sa main, puis de la main du Père: Dieu a donné à son Fils la douceur de sa propre main et la puissance de son propre amour. Ce que Jésus tient, Dieu le tient, et il est "plus grand que tout". Ce que Jésus tient, Dieu le lui a donné, et Dieu continue de le tenir.

 

² Arracher les brebis de la main de Jésus, ce serait aussi les ôter de la main du Père, car nous sommes à la fois dans la main du Père et dans la main du Fils. Chacune de ces deux mains nous donne et nous reçoit, et l'Esprit qui les unit nous donne part au mystère de cette unité qui est tout le bonheur de Jésus: "le Père et moi, nous sommes un".

C'est donc au creux de ces deux mains-là que nous recevons la vie éternelle. À deux conditions toutefois, qui définissent l'attitude du disciple: écouter la voix de Jésus et venir à sa suite. Ce sont là deux attitudes libres et dynamiques: accepter que notre foi soit une écoute jamais lassée, jamais rassasiée, et accepter que notre amour soit un cheminement, que Jésus pasteur nous remette chaque jour en exode.

 

Pour la route, nous n'avons qu'un seul trésor: la perle du Royaume que Jésus nous a donnée en signe de son appel. Mais ce gage d'amour, rien ni personne ne pourra l'arracher de notre main, car Dieu  plus grand que tout nous l'a donné par la main de Jésus.

 

 

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