La liberté chrétienne dans les lettres de saint Paul

 

 

 

 

La notion paulinienne de liberté offre le double avantage de nous faire pénétrer d'emblée au cœur de la réflexion théologique de l'Apôtre et de nous mettre de plain-pied avec l'aventure de foi et d'espérance qu'il a vécue ; car Paul ne sépare jamais la théorie de l'expérience, et avant d'élaborer une théologie de "la liberté que nous avons dans le Christ"(1), il a souffert et lutté pour elle.

Il a souffert d'abord pour la rejoindre. Lui qui, trop jeune encore pour tuer, avait gardé les vêtements de ceux qui lapidaient Étienne (2), lui qui, durant les premières années de l'expansion chrétienne, "ne respirait encore que menaces et meurtres à l'égard des disciples du Seigneur"(3) et avait pris l'initiative d'amener, enchaînés, à Jérusalem, tous les fidèles du Christ, hommes ou femmes, qu'il découvrirait en Damascène ; lui, Paul, qui emprisonnait au nom de la Loi, allait passer de longues années dans les chaînes "à cause de l'Évangile"(4). Cette métamorphose du persécuteur en martyr et cette mutation radicale du serviteur de la Loi en apôtre de l'Évangile supposent une expérience extraordinaire de libération intérieure, dont l'Esprit Saint, sans doute, a pris constamment l'initiative, mais que Paul a dû assumer avec courage, en totale fidélité à la lumière qui l'avait désarçonné sur le chemin de Damas.

La violence que Paul a dû se faire pour triompher de son propre passé explique en partie la fougue avec laquelle il défendra, surtout dans ses grandes épîtres, la liberté nouvelle des chrétiens venus de la gentilité ; mais, plus encore qu'à cette motivation psychologique, c'est à la clairvoyance pastorale de Paul qu'il faut faire appel pour comprendre l'insistance de l'Apôtre sur ce thème de la liberté chrétienne. Bilingue parfait, aussi à l'aise dans la culture hellénistique que dans la tradition sémitique d'Israël, Paul a saisi, comme d'instinct, quelle force attractive aurait pour le monde grec le message du Christ, s'il lui était présenté sous l'angle de la liberté. Au premier siècle, en effet, dans l'ensemble du monde gréco-romain, la liberté avait valeur d'idée-force, aussi bien pour l'homme de la rue que pour l'élite cultivée. Pour tous elle évoquait, lointainement, l'idéal des vieilles cités démocratiques et le droit reconnu à chacun de participer aux responsabilités; pour la masse innombrable des esclaves, ramassés dans tout l'empire au hasard des guerres ou des répressions, la liberté signifiait l'affranchissement social, le travail dans la dignité, et la possibilité d'une vraie vie de famille ; pour tous ceux, enfin, qui, d'une manière ou d'une autre, avaient accès à la culture, la liberté apparaissait comme la valeur morale et spirituelle par excellence, englobant, avec la noblesse, la vaillance et la loyauté, une pleine maîtrise de soi et une réelle émancipation de toutes les contraintes, celle des passions, celle de la fatalité, ou celle, plus subtile, de l'opinion d'autrui ou des courants de pensée. En ressaisissant cette notion grecque de liberté et en l'affinant au creuset de l'expérience chrétienne, Paul a fait confiance à la fois aux richesses humaines et spirituelles du monde païen de son temps, et à la force purifiante de l'Évangile. "Sans doute, l'adaptation du christianisme au milieu grec allait susciter des problèmes que le judaïsme ne connaissait pas ou connaissait à peine. L'ouragan spirituel des charismes dégénérerait en frénésie dans le montanisme et les gnoses intellectuelles ; la libération de la loi juive pousserait à l'immoralisme certaines sectes excentriques. Mais ces dangers et ces déviations furent largement compensés par le courant de liberté spirituelle et de contact direct avec Dieu. Paul fut l'homme prédestiné et appelé par Dieu pour permettre aux Grecs, moyennant un minimum de règles légitimes, d'avoir accès à la liberté spirituelle promise par la révélation aux enfants de Dieu" (5).

 

Ces quelques précisions sur l'itinéraire spirituel de Saint Paul et le contexte culturel de sa prédication nous amènent à pied d'œuvre pour esquisser à grands traits sa théologie de la liberté chrétienne.

Si l'on jette un regard d'ensemble sur les textes pauliniens (6) concernant le thème de la liberté, deux lignes de force apparaissent immédiatement : le schème de la libération et celui de la nouvelle spontanéité.

 

 

A.  Les trois servitudes

 

À un premier niveau, la liberté chrétienne apparaît à saint Paul comme la libération de trois tyrannies, celle du péché, celle de la mort et celle de la Loi.

 

Aussi longtemps que le vieil homme domine en nous (7), nous sommes "dans la chair"(7 bis). Qu'est-ce à dire ? Ici le vocabulaire de Paul nous dépayse : pour lui, la chair ne désigne pas tellement le corps, ses valeurs ou ses faiblesses, que l'homme tout entier (corps, intelligence et affectivité), mais avec son indice de fragilité, de pauvreté, de caducité et de finitude. L'homme est "chair et sang", alors que Dieu est esprit. La "chair" évoque ce qu'il y a en l'homme de clos, de pesant et d'égoïste, tant que l'Esprit de Dieu n'a pas accompli en lui son œuvre de régénération. Ainsi l'homme charnel, au sens paulinien, est celui qui n'a pas encore accueilli l'Esprit de sainteté, celui qui reste sous le signe du péché. Paul revient souvent sur cette aliénation de l'homme qui s'est rendu "esclave" du péché (8), qui obéit à ses convoitises et livre ses membres (9) à l'iniquité, à l'impureté. Son être tout entier, "vendu au péché"(10), devient un instrument de plus en plus passif (11) au service d'une force de péché qui le retient prisonnier ; il vit vraiment "sous le péché"(12), qui se comporte en roi dans son corps mortel (13) et lui fait sentir sa domination (14). Dans les premiers chapitres de la lettre aux Romains, Paul démasque une à une les mille formes de cette emprise du péché, pour mieux mettre en relief sa tyrannie universelle : "Juifs et Grecs sont tous sous le péché, selon qu'il est écrit : Il n'y a pas de juste, pas un ; il n'y en a pas un qui comprenne, pas un qui cherche Dieu. Tous sont dévoyés, semblablement pervertis. Il n'en est pas un qui fasse le bien, non, pas un !"(15).

 

Le pécheur est entré progressivement dans un processus de dégradation spirituelle ; il s'enferme dans la honte (16), et sa route débouche sur la mort (17), unique salaire que puisse verser le péché (18). Obéir au péché, c'est donc vivre sous le signe de la mort. Souvent, pour rendre plus dramatiques ses appels à la conversion, Paul en vient presque à personnifier Mort et Péché comme deux comparses voués à la même oeuvre de perdition : la Mort, tel un insecte venimeux, pique l'homme avec le dard du Péché (19), et les passions pécheresses agissent en nos membres afin de porter du fruit pour la Mort (20). Semence empoisonnée, fruits mortels : voilà la réalité du péché.

 

La troisième servitude que dénonce Saint Paul est celle qui courbe le juif croyant sous le joug de la Loi mosaïque. C'est également celle que nous, chrétiens modernes, avons le plus de mal à comprendre et à situer dans notre vision de l'histoire du salut.

Quand il parle d'esclavage de la Loi, Paul vise à la fois des observances qui répugnaient à la sensibilité grecque (la circoncision, les abstinences alimentaires très strictes et les sacrifices sanglants) et le fardeau du rituel et de la casuistique. Mais au-delà du détail des prescriptions et des interdits, l'Apôtre s'attaque à la Loi en tant que régime religieux ou, si l'on veut, en tant que système de justification ; et la critique qu'il instaure porte tour à tour sur trois points.

1. Tout d'abord la Loi mosaïque ne fait que "donner la connaissance du péché"(21). En renforçant les barrières morales, elle rend plus graves les transgressions : "Je n'ai connu le péché que par la Loi. Et, de fait, j'aurais ignoré la convoitise si la Loi n'avait dit : Tu ne convoiteras pas. Mais, saisissant l'occasion, le péché, par le moyen du précepte, produisit en moi toute espèce de convoitise"(22). Paul ici schématise volontairement : il sait très bien, par ailleurs, que l'homme peut vivre de manière responsable sans avoir reçu l'information de la Loi : "Quand des païens privés de la Loi accomplissent naturellement les prescriptions de la Loi, ces hommes, sans posséder de Loi, sont Loi pour eux-mêmes ; ils montrent, gravée dans leur cœur, la réalité de la Loi"(23). L'important, pour Paul, est de souligner qu'avec la Loi on se trouve dans le cas typique du péché-rébellion. Il n'y a plus simple désordre, mais "le comble du péché"(23 bis).

2. Ainsi les nombreuses prescriptions et défenses de la Loi aboutissent à multiplier les occasions du péché et à renforcer l'attrait du fruit défendu. Sur cette deuxième critique, Paul n'insiste pas, indiquant seulement au passage (24) que les préceptes peuvent devenir autant de prétextes que le Péché va saisir pour tuer plus sûrement le croyant (25).

3. Paul préfère mettre l'accent sur le pouvoir de condamnation que possède la Loi : "Tous ceux qui se réclament de la Loi sont sous le coup de la malédiction"(26), car si la Loi peut baliser le mal, elle ne peut donner la force de l'éviter ; elle porte sur le péché un verdict de mort, mais cette mort ne peut rien réparer, parce quelle tue le péché sans pour autant faire revivre le pécheur (27).

L'importance de ce thème de la Loi dans les lettres de Paul a surpris de tout temps le lecteur chrétien. Désireux malgré tout d'actualiser l'enseignement de l'Apôtre dans sa vie personnelle et communautaire, le croyant moderne se contente, la plupart du temps, de retenir la critique paulinienne du légalisme. Par légalisme on entend, dans la perspective chrétienne, tout ce qui risque de réduire l'attitude religieuse à la répétition de certains actes, et la parole vivante de Dieu à une lettre fixée, sclérosée, une lettre morte, une lettre qui tue. Le légalisme, c'est également tout ce qui tend à remplacer la pensée de Dieu par l'interprétation humaine, à majorer l'importance du détail et de l'uniformité, à identifier fidélité et stéréotype, sainteté et accumulation d'œuvres mesurables, tout ce qui transforme la vie en cérémonial et la religion en comportement obsessionnel. Le légalisme bride l'initiative du croyant ou prédétermine des choix qui devraient rester libres ; il enserre et contraint toute croissance organique de la charité et de l'espérance, de manière à lui substituer une sorte de planification spirituelle ; il bloque la foi avec les usages, les choix historiques ou l'expression culturelle d'un peuple ou d'une race déterminés, et, au plan sociologique, privilégie les groupes à modèle d'ordre (28) aux dépens des groupes à modèle d'équilibre (29). On stigmatise également avec raison sous le nom de légalisme tout ce qui vise à accaparer la religion au profit d'une caste, à réserver l'interprétation de la volonté de Dieu à une intelligentsia de lettrés (cf. Mt 5, 20), et à mettre la foi au service d'une volonté de puissance, qu'il s'agisse d'asservissement politique, social ou intellectuel. Suivant sa propre logique, le légalisme aboutit à interposer entre l'homme et Dieu un réseau de prescriptions considérées de plus en plus comme un absolu ; il donne le pas à la codification sur l'expérience ; il substitue la quantité des œuvres à la qualité évangélique, l'avoir spirituel à l'être selon l'Esprit, le paraître à l'être-en-vérité. Il perpétue ainsi en l'homme un leurre fondamental : le croyant croit pouvoir se racheter lui-même, tenir son salut entre ses mains et le soumettre à ses propres règles et à son propre rythme, au lieu de le recevoir avant tout comme un don de Dieu.

Cette interprétation rejoint sans aucun doute une partie des intuitions pauliniennes, et il va de soi que le légalisme, si vigoureusement critiqué par Saint Paul, demeure une tentation pour le présent. Mais ne serait-ce pas tronquer la pensée de l'Apôtre que d'identifier sans plus Loi et légalisme, et ne céderait-on pas à la facilité en éliminant ainsi une partie des affirmations de Paul ? "La Loi est sainte, écrit-il en Rm.7, 12, et le précepte saint, juste et bon". La Loi est spirituelle (30), elle est bonne (31), si l'on en fait un usage légitime (32). De fait, Saint Paul s'en prend beaucoup moins à la Loi en tant que telle qu'au péché qui s'est servi de la Loi ; et toute son argumentation cherche finalement non pas à justifier une sorte d'anarchisme spirituel, mais à " mettre en valeur" la Loi (33), c'est-à-dire à l'établir sur ses vraies bases et à la situer à sa place exacte dans l'histoire du salut. Il montre que la Loi de Moïse n'a joué et ne pouvait jouer qu'un rôle secondaire et transitoire. D'une part, en effet, intervenant longtemps après la promesse faite à Abraham, elle était forcément moins fondamentale et moins décisive pour le salut de l'homme ; et d'autre part son rôle de pédagogue était destiné à prendre fin dès que le Peuple de Dieu aurait atteint, par le Christ, sa majorité spirituelle. Toutefois Dieu n'a jamais renié la Loi ; et la condamnation qu'elle maintenait sur l'humanité pécheresse a été tellement prise au sérieux que le Christ l'a assumée en notre nom sur la Croix. "La Loi a été abrogée, et le Christ l'a rendue vaine, mais ce fut en satisfaisant sa requête. Le Christ le premier est mort à la Loi en subissant sa sentence. Grâce au Christ, la condamnation impuissante et inefficace de la Loi s'est transfigurée en une peine qui donne la Vie. Il a fallu le Christ pour réaliser l'impossible : une mort qui ne tue que le péché, mais donne la vie au pécheur et en fait un juste"(34). Ainsi se trouve mise en lumière la cohérence du plan de Dieu.

 

Malgré la distance culturelle qui nous sépare du premier siècle, l'insistance de Paul sur la théologie de la Loi nous paraît un peu moins surprenante depuis que la psychologie moderne a redécouvert l'importance de la loi du père pour la structuration de toute personnalité. C'est par l'acceptation de la loi de son père et des impératifs de la culture, que l'enfant, puis l'homme, entre peu à peu dans le monde de la responsabilité. "Il est limité dans sa consommation du monde par le désir d'un autre", "le désir du père, qui a force de loi" (35) ; il faut qu'il fasse "l'épreuve de sa limite" pour accéder vraiment à l'univers des relations humaines. C'est la loi, en effet, qui "médiatise le rapport des hommes entre eux"(36) et ordonne l'espace de leur rencontre; si bien que le rejet de toute loi ou le refus a priori de tout ce qui rappelle l'instance paternelle cachent souvent un comportement régressif beaucoup plus qu'ils ne constituent une marque de véritable personnalité. L'homme qui ne peut assumer la loi "est voué à vivre dans un univers imaginaire où il se croit tout­puissant. C'est alors qu'il confisque à son unique profit la loi. Dans ce cas la loi n'est plus médiatrice entre lui et l'autre ; elle devient, dans ses mains, l'arme la plus radicale qui soit. Il s'identifie immédiatement à elle"(37).

Certes, on pourrait retomber dans un concordisme de mauvais aloi en majorant la convergence des analyses pauliniennes de la Loi juive avec les découvertes modernes de la psychologie : d'un côté il s'agit d'une phase de l'histoire du salut ; de l'autre, on cherche à mettre en place le désir dans chaque vie personnelle. Il reste cependant qu'au plan symbolique les mêmes réalités humaines sont en jeu, car, en dernier ressort, toute relation au père et à sa loi renvoie l'homme, plus ou moins lointainement, au Père des lumières de qui vient tout don parfait: "Ce ne peut être qu'au Nom du Père que se justifie l'interdit qui structure l'homme en fils et en frère" (38). Nous sommes ainsi mieux préparés à comprendre pourquoi, selon saint Paul, la Loi ne prend sens que sur l'horizon d'une Promesse paternelle, qui est tout à la fois un appel, une mission et une amitié chaque jour offerte. Dans l'axe de cette promesse, qui est sans repentance, la liberté à laquelle est appelé le chrétien ne peut que s'épanouir, à tous les niveaux de son être et de son agir. Plus encore que l'affranchissement des trois servitudes du péché, de la mort et de la Loi, la liberté que nous avons dans le Christ représente pour nous le don d'un nouvelle spontanéité dans le service de Dieu. Et c'est ce deuxième aspect, positif, qu'il nous faut maintenant décrire à partir des lettres de Saint Paul.

 

 

B. - La liberté des enfants de Dieu

 

Paul voit dans la liberté du chrétien bien autre chose qu'une simple marge de manœuvre  laissée au croyant pour l'action journalière: la liberté est, à ses yeux, une qualité nouvelle que le Christ nous a obtenue et qui se trouve désormais enracinée dans notre être de fils ; c'est une sorte d'aisance et d'enthousiasme qui nous est enseignée par l'Esprit, et qui traduit dans l'action notre consécration radicale d'enfant de Dieu.

 

1. Liberté de fils.

 

"La preuve que vous êtes des fils, écrit Saint Paul (39), c'est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils, qui crie : Abbe, Père ! Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils ; fils, et donc héritier, de par Dieu". La toute première liberté chrétienne consiste donc à oser dire : notre Père ; et cette filiation efface d'emblée entre les croyants toute inégalité radicale, sociale (40), culturelle ou conjugale : "car vous êtes tous fils de Dieu par la foi au Christ Jésus ; vous tous, en effet, qui avez été baptisés dans le Christ, c'est le Christ que vous avez revêtu. Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y a plus ni esclave ni homme libre ; il n'y a ni homme ni femme : vous n'êtes tous qu'un dans le Christ Jésus » (41), Tout croyant est fils de la "femme libre" (l'alliance nouvelle ou la nouvelle communauté du salut), longtemps stérile, devenue féconde de par la promesse efficace de Dieu, et dont tous les enfants naissent libres et héritiers de plein droit (42). Tous, nous sommes, à la manière d'Isaac, des fils de la promesse, des enfants de l'impossible, et pour chacun de nous la naissance (baptismale) à la vraie vie et à la liberté fut une merveille du Dieu de l'alliance,

Cette qualité de fils ou de fille nous permet de nous renouveler sans cesse à l'image du Créateur (43) et justifie en nous une fierté, une confiance et une audace toutes spéciales, que Paul appelle la parrèsia, c'est-à-dire à la fois la liberté de tout dire (à Dieu), le franc-parler devant les hommes, la hardiesse et l'assurance dans l'action et le témoignage (44). Le dessein éternel que Dieu a conçu et réalisé dans le Christ nous donne d'approcher avec confiance par le chemin de la foi au Christ (45), car c'est un Esprit de fils adoptifs et non un esprit d'esclaves que nous avons reçu au baptême (46). Cette aisance filiale, cet enracinement volontaire dans la liberté et la confiance, soutenaient Paul dans ses épreuves de missionnaire : "Maltraités et outragés, nous avons trouvé en notre Dieu assez d'assurance pour vous annoncer l'Évangile  au milieu de bien des combats (47). Priez pour moi afin que des paroles me soient données, quand j'ouvrirai la bouche, pour annoncer hardiment le mystère de l'Évangile. Puissé-je avoir la hardiesse d'en parler comme je le dois !" (48). Cette assurance courageuse de l'Apôtre ne laisse place en lui à aucune illusion : il inscrit consciemment ses souffrances dans la ligne des abaissements du Christ Serviteur, et ancre dans son esprit la certitude qu'il continue l'œuvre du Seigneur qui est passé par la mort. Mais il sait que la puissance de Dieu traverse sa faiblesse d'homme, et alors même que de faux frères cherchent, dans leur prédication, à ruiner son influence, Paul garde inébranlable sa foi dans la présence du Christ et dans le secours de l'Esprit : "Après tout, d'une manière comme de l'autre, hypocrite ou sincère, le Christ est annoncé, et je m'en réjouis. je persisterai même à m'en réjouir, car je sais que cela servira à mon salut, grâce à vos prières et au secours de l'Esprit de Jésus Christ qui me sera fourni ; telle est l'attente de mon ardent espoir: rien ne me confondra, je garderai au contraire toute mon assurance et, cette fois-ci comme toujours, le Christ sera glorifié dans mon corps, soit que je vive, soit que je meure"(49).

 

2. Liberté dans l'Esprit Saint

 

Tous les chrétiens ont été "baptisés en un seul Esprit", "abreuvés d'un seul Esprit"(50), et ils vivent en fils de Dieu dans la mesure où ils sont conduits par l'Esprit, c'est-à-dire par la force divine mystérieusement personnelle et efficace, par le Souffle créateur de Dieu qui vient animer l'homme régénéré et sceller en chaque cœur et dans le monde tout ce qui s'unifie, comme il scelle en Dieu l'unité dynamique du Père et du Fils.

L'Esprit-Saint veut libérer l'homme de la condamnation (51) et de la peur de Dieu (52), Il donne accès au Père (53), aide chacun des croyants à l'aborder avec des réflexes de fils, et témoigne à l'intime de nous-mêmes que nous sommes ses enfants (54). Il est l'Esprit de vie (55) qui sans cesse fortifie l'homme intérieur (56), le renouvelle, et le transfigure à l'image du Christ (57), C'est lui qui, progressivement, sanctifie (58), inspire la vraie prière (59) et le culte authentique (60) ; c'est lui qui ajuste la conduite du chrétien sur la vo­lonté divine. Le chrétien "spirituel" se laisse ainsi mener, animer par l'Esprit (61) ; vivant par l'Esprit, il s'efforce de suivre l'Esprit (62). Sa liberté peut alors se définir comme la spontanéité et la force avec lesquelles il choisit d'instinct et accomplit ce qui plaît au Père, à l'exemple du Fils unique. Une plasticité nouvelle entre les mains de Dieu remplace peu à peu pour lui les contraintes de la Loi ; car la loi de l'Esprit de vie l'a libéré, dans le Christ jésus, de la loi du péché et de la mort (63), et il ne cherche plus d'autre récolte que celle de l'Esprit, qui est " charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur et maîtrise de soi" (64). La liberté qu'il expérimente dans son dialogue avec Dieu libère et authentifie ses relations fraternelles. "Appelé à la liberté", "libéré pour rester libre"(65), le chrétien goûte une autonomie toute nouvelle de son jugement moral (66) ; il se sent capable de renoncer librement à certains de ses droits, pour annoncer plus gratuitement l'Évangile (67), et sa vie tout entière, désormais sous le signe de l'harmonie, de la sagesse, de l'oblativité et de la compréhension, ne reflète plus que l'ouverture à l'amour de Dieu, qui a aimé le premier. Même s'il gémit encore en lui-même dans l'attente de la rédemption de son corps, il possède déjà les prémices de l'Esprit et peut espérer de toutes ses forces la pleine révélation de son être de fils, cette "glorieuse liberté des enfants de Dieu"(68) qui sera l'ultime réussite de la création. Ainsi le chrétien vit libre dans la mesure même où il laisse l'Esprit de Jésus l'affermir dans son être nouveau : "Où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté"(69).

 

3. Libre pour servir

 

Affranchis par le Christ, les baptisés ne sont pas pour autant dispensés de toute obéissance envers leur Seigneur. Quittant la servitude, ils s'engagent volontairement pour un service qui les libère. Morts à la Loi, ils appartiennent à un autre, celui qui est ressuscité d'entre les morts (70) ; libérés du péché, ils sont maintenant asservis à la justice-sainteté (71) : leur libération a fait d'eux "des esclaves de Dieu", "des esclaves du Christ"(72). Saint Paul a bien conscience d'énoncer là un paradoxe et d'employer, pour se faire comprendre, " une comparaison humaine"(73). D'ailleurs les formules de ce genre ne reviennent pas fréquemment dans ses lettres : jamais Paul n'a été tenté de réduire à un nouveau légalisme la loi de l'Esprit de vie. Aussi bien la soumission à Dieu qu'il réclame n'a-t-elle rien de servile, et, en reprenant l'image du doulos-serviteur, Paul veut simplement réaffirmer trois principes majeurs de l'agir chrétien

1° Le baptisé dépend radicalement de son nouveau Maître. Racheté par le Christ au marché des esclaves, il est devenu sien et porte désormais "les marques de Jésus"(74). C'est dire qu'il doit se référer corps et âme à Celui qui l'a affranchi ; ayant renoncé à toute autonomie égoïste, il a donné pour toujours au Christ droit de regard dans sa vie.

2" Toute l'activité du chrétien est vouée au service du Kurios: "Nul d'entre nous ne vit pour soi-même, comme nul ne meurt pour soi-même ; si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur ; donc, dans la vie comme dans la mort, nous appartenons au Seigneur"(75). "Je suis mort à la Loi, dit Paul, afin de vivre pour Dieu : je suis crucifié avec le Christ ; et si je vis, ce n'est plus moi, mais le Christ qui vit en moi. Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au fils de Dieu qui m'a aimé et s'est livré pour moi "(76).

3° L'authentique service de Dieu implique une adhésion totale de cœur et d'esprit aux intentions du Seigneur. Rien de ce qui nourrit notre intelligence, de ce qui habite notre mémoire ou agite notre sensibilité, rien de ce qui traverse notre imagination ne doit échapper au regard de l'Ami ; et même les ombres de l'amitié doivent entrer tôt ou tard dans le dialogue.

Mais le service du chrétien ne rend vraiment gloire à Dieu que si, libéré de tout volontarisme et allégé de toute étroitesse mercantile, il exprime uniquement la spontanéité aimante d'un fils : "le règne de Dieu n'est pas aliment ni breuvage ; il consiste en justice, paix, joie dans l'Esprit Saint"(77), Toute tristesse est signe de servitude, et Dieu aime ceux qui donnent avec joie (78) ; c'est pourquoi assez volontiers Paul complète la notion de service par celle de consécration ou d'offrande cultuelle : " livrez vos membres à la justice pour vous sanctifier (79) ; je vous exhorte, frères, par la miséricorde de Dieu, à livrer vos personnes en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu : c'est là le culte spirituel que vous avez à rendre" (80),

Une telle vérité dans l'obéissance élimine d'emblée toutes les contrefaçons de la liberté chrétienne : "Ne profitez pas de cette liberté pour débrider la chair, écrit Paul aux Galates ; soyez esclaves les uns des autres par la charité de l'Esprit"(81). "Tout m'est permis, mais tout n'est pas profitable ; tout m'est permis, mais j'entends bien, moi, ne me laisser dominer par rien ; tout m'est permis, mais tout n'édifie pas"(82). Une liberté n'est plus chrétienne si elle cesse de construire (82 bis),

Être libre, pour un baptisé, c'est donc se mettre à l'école du Christ­Serviteur (83) ; voilà pourquoi le chrétien, s'il est "sans-Loi avec les sans-Loi " n'est pas sans une loi de Dieu, puisqu'il est "dans-la-loi du Christ » (ennomos christou, 1 Co 9, 21), et l'adjectif insolite utilisé ici par Saint Paul exprime à merveille le paradoxe de l'obéissance libératrice ; en effet ennomos, que L'Apôtre emploie (84) dans le sens de "lié par une loi", signifiait également, dans le langage des arts: bien réglé, mesuré, harmonieux. Peut-être Paul voulait-il insinuer qu'une liberté créée devient authentique à mesure quelle prend le rythme de Dieu, et devient source d'harmonie; en l'homme et dans le monde, dès qu'elle entre en consonance avec la Liberté-Source.

 

4. Libre pour aimer

 

En définitive, le champ d'action privilégié de la liberté chrétienne et le critère le plus sûr de son authenticité est l'amour fraternel. En travaillant activement à sa libération, ou plutôt : en se laissant affranchir par l'Esprit, le chrétien libère dans sa vie les forces de la charité, élargit en lui-même l'espace du dialogue, et devient de jour en jour plus fraternellement présent à tous les hommes. Se libérant, il se trouve ; et, se trouvant, il se donne,

La liberté intérieure du chrétien transparaît immédiatement dans son attitude vis-à-vis de la communauté ecclésiale, qu'elle soit locale ou universelle. L'homme libre, coïncidant à l'intime de lui-même avec le projet de Dieu, reconnaît et accepte, sans présomption comme sans fausse crainte, la place que le Christ lui a départie dans l'Église. C'est en assumant avec humilité son propre charisme qu'il peut le mieux comprendre la diversité de l'Église et admirer les dons que l'Esprit a réservés à ses frères ; et plus il grandit en liberté intérieure, plus il est à même de vouloir et de promouvoir l'unité de l'Église

On reconnaît aussi la liberté d'un chrétien à la capacité qu'il a d'y renoncer par amour, soit pour éviter que "la liberté dont il use ne devienne pour les faibles une occasion de chute" (85), soit pour rester solidaire de tous au moment où des tensions se font jour (86), soit pour mieux accueillir les frères que le Christ a revêtus de l'autorité ecclésiale (87), soit, enfin et surtout, par souci missionnaire : "Oui, libre à l'égard de tous, je me suis fait l'esclave de tous, afin d'en gagner le plus grand nombre. Je me suis fait juif avec les juifs, afin de gagner les juifs... je me suis fait faible avec les faibles, afin de gagner les faibles. je me suis fait tout à tous, afin d'en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais pour l'Évangile, afin d'avoir part à ses biens"(88).

Ainsi le chrétien, régénéré par l'Esprit, reçoit la liberté à la fois comme un don et comme une tâche. Réconcilié avec Dieu, il a reçu "la diaconie de la réconciliation"(89) ; et, de la même manière, engagé par l'Esprit de Jésus sur la route de sa propre libération, il y découvre, pas à pas, sa mission de libérateur.

Aujourd'hui comme au temps de Paul, qu'il s'agisse du destin de chaque croyant ou de l'avenir du monde, la route de la liberté totale passe par le Christ, par sa Croix et sa Résurrection ; et c'est cela avant tout que l'Apôtre voulait affirmer en développant le thème de la liberté uniquement sur l'axe du salut. Seul le Christ a pu briser le triple joug qui courbait l'humanité sur son désespoir. Le péché est vaincu parce que le Christ l'a pris sur lui ; la mort a perdu son empire, puisque le Fils unique l'a subie au nom de tous ; la Loi est réduite à l'impuissance depuis que notre acte de condamnation a été cloué sur la croix de Jésus (90). Et si désormais, malgré les retours de nos vieilles tyrannies spirituelles, la liberté nous est offerte de servir Dieu avec une confiance de fils, si nous pouvons, en toute spontanéité, servir l'Évangile "jusque dans nos chaînes"(91), et si, plus intensément que jamais, nous nous sentons responsables du message libérateur de Jésus, cette assurance, cette joie et cet élan missionnaire sont toujours en nous une nouvelle victoire du Ressuscité,

 

 (Première publication: Revue Carmel 1970/2, 133-147)

 

 

NOTES

 

(1) Ga. 2. 4.           

(2) Act. 7, 58.      

(3) Act. 9,1.

(4) Phm. 10.13.

    (5) L.Cerfaux, Le Christ dans Ia théologie paulinienne, Coll. Lectio divina, n° 33, Paris, Le Cerf, 1962, p.412,

 

(6) Les textes du Nouveau Testament ayant trait directement au thème de la liberté se répartissent comme suit :

liberté                             libre                         libérer

                                            (éleuthéria)                        (éleuthéros)           (éleuthéroun)

 

Matthieu                                                                  17,16

Jean                                                                          8,33.36                          8,32.36

Romains                               8,21                                6,20; 7,3                       6,18-22; 8,2.21  

I Corinthiens                       10,29                7,21s.39; 9,1.19; 12,13

2 Corinthiens                        3,17

Galates                                2, 4;  5, 1.13                3,28; 4,22-31                       5,1

Ephésiens                                                                  6,8

Colossiens                                                                 3,11

Jacques                               1,25; 2,12

1 Pierre                               2,16                               2,16

2 Pierre                               2,19

Apocalypse                                                     6,15; 13,16; 19,18

 

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(7) Rm. 6, 6.

(7 bis) Rm. 7,5.

(8) Rm. 6, 6, 17.

(9) C'est-à-dire tout son être concret; cf. Rm. 6, 13, 19.

(10) Rm. 7. 14.

(11) Rm 6, 13.       .

(12) Rm 7,14.   

(13) Rm. 6, 12.      

(14) Rm. 6, 14.      

(15) Rm. 3. 9ss.     

(16) Rm. 6, 21.

(17) Rm. 6, 16

(18) Rm 6, 23.

(19) 1 Co. 1 Co. 15, 56.

(20) Rm. 7, 5.

(21) Rm. 3. 20.

(22) Rm. 7, 7.        

(23) Rm. 2,15    

(23 bis) Rm. 7, 13.              

(24) Rm. 7, 7-10.  

(25) Rm. 7,13.

(26) Ga. 3, 10.

(27) Cf. P. Benoit, La loi et la croix, dans Exégèse et théologie, II, Paris, Le Cerf, 1962, pp. 9-40.

 

(28) Dans les groupes qui se réfèrent à un modèle d'ordre, c'est-à-dire qui s'appuient uniquement sur les structures, l'autorité est impersonnelle, les fonctions sont strictement définies et les règles d'administration également très fermes. On y constate une certaine homogénéisation des comportements, et les personnalités ont tendance à devenir conformistes. Ces groupes concrétisent inconsciemment le vieux rêve d'un monde anhistorique et sans véritable chaleur humaine; ils manifestent une forte allergie au renouveau, à la prospective et aux personnalités capables d'un jugement autonome. Les affrontements inévitables ont lieu à fleurets mouchetés, et, en règle générale, les personnes se placent réciproquement de manière à ne pas se faire peur.

 

(29) Les groupes à modèle d'équilibre font appel sans cesse à la créativité et à la réponse novatrice des personnes. Dépassant le niveau de l'assentiment superficiel ils s'efforcent d'aborder lucidement les désaccords et acceptent de rester toujours en marche vers de nouveaux paliers d'équilibre. Ces groupes deviennent capables de toujours restructurer leur champ d'action. La place et le rôle de chacun ne s'y perpétuent pas de manière immuable; les responsabilités et l'initiative ne restent pas l'apanage d'un seul ou d'un sous-groupe, et les membres du groupe acceptent de tenir compte de l'ensemble des facteurs historiques qui affectent une situation donnée.

(30) Rm. 7, 13.      

(31)  Rm. 7, 16.      

(32) 1 Tm. 1, 8.

(33) Rm. 3. 31.

(34) Cf. P. Benoit, art.cit.,  pp. 32, 31, 28.

(35) D. Vasse, Le temps du désir, Paris, Ed. du Seuil, 1969, p, 76.

(36) Ib. p. 75.

(37) Ib, p. 76.

(38) lb. p. 114.

(39) Ga. 4, 6s.

 

40) On a parfois reproché à saint Paul d'agir admis comme un fait l'échelle sociale de son temps et de ne pas l'avoir remise en question.  On cite, par exemple Col. 3, 22 s ; Ep. 6, 5 ss; 1 Tm. 6, 1 s; Tt. 2, 9s; 1 Pi. 2,18, et surtout le fameux texte de 1 Co. 7, 20-22. Disons tout d'abord qu'il serait anachronique et inexact de parler de la "tolérance de l'esclavage" par Saint Paul. Le court billet à Philémon suffirait à montrer qu'il s'intéressait de très près à la condition des esclaves. Certes, il n a pas enjambé, comme par miracle, dix-huit siècles d'histoire­, et il est resté homme de son temps; mais il a jeté dans le monde le ferment évangélique d'une morale d'affranchissement et il a souligné dès l'aurore du christianisme la transcendance du message chrétien par rapport à toute structure sociale ou politique. Pour lui, l'unité de destinée spirituelle dans le Christ relègue au second plan les disparités sociales. Tout croyant - qu'il soit  socialement libre ou esclave – a reçu du Christ une liberté inaliénable, en même temps qu'une nouvelle dignité d'enfant de Dieu et une seconde condition de serviteur. Aux yeux de Paul, liberté et esclavage n'ont de sens qu'en fonction du péché et du Christ. En affirmant cela, l'Apôtre, bien loin d'éliminer la perspective du progrès social, situe prophétiquement celui-ci sur ses coordonnées évangéliques et spirituelles.

 

(41) Ga. 3, 26-29 ; cf. 1 Co. 7, I7-24 ; 12, 13 ; Col. 3, 11.

(42) Ga. 4, 23-31.

(43) Col, 3, 10.

(44) Act. 4, 13.

(45) Ep. 3, 12; cf. Hb. 3, 6 ; 4, 16: 1 Jn, 2, 28 ; 3, 2l.

(46) Rm, 8, 14-17. ,

(47) 1 Th. 2, 2,    

(48) Ep. 6, 19.      

(49) Ph. 1, 18-20,

(50) 1 Co. 12, 13.

(51) Rm. 8, l s.

(52) 1 Jn. 3, 19-21 : 4, 17s.

(53) Ep.2, 18.      

     (54) Rm.8, 16,                  

(55) Rm.8, 2.

(56) Ep 3, 16.

(57) Tt. 3,5.

(58) 1 Th. 4, 7s ; 2 Th, 2, 13 : 1 Co. 6, 11 ; 1 Pi. 1, 2.

(59) Rm. 8, 26.                   .

(60) Ph. 3,3.

(61) Ga. 5, 16, 18.

(62) Ga. 5, 25,                  

(63) Rm. 8, 2.

(64) Ga.5,22.

(65) Ga. 5, 1

(66) 1 Co.10, 29.

(67) 1 Co. 9, 18.

(68) Rm. 8, 18-25.

(69) 2 Co. 3, 17.

(70) Rm. 7, 4.

(71) Rm. 6, 19.

(72) Rm. 6, 22; 1 Co. 7, 22; Ep. 6, 6.

(73) Rm. 6, 19.

(74) Ga. 6, 17.

(75) Rm. 14, 7-9 ; cf. 2 Co. 5, 15.

(76) Ga. 2. 20.

(77) Rm. 14, 17.                        

(78) 2 Co. 9, 7.                

(79) Rm. 6, 19.

(80) Rm.12,1.

(81) Ga. 5, 13.

(82) 1 Co. 6, 12; 10, 23.

(82 bis) Rm. 14,19 s; 1 Co. 8, 10-13. 

(83) Ga. 5, 13 ; cf. 1 Pi  2,16.

(84) 1 Co. 9, 21.

(85) 1 Co. 8, 9;  Rm. 14, 13; 15, 1.

(86) 2 Cor. 11 28 s.

(87) 1 Th, 5, 12.

(88) 1 Co. 9, 19-23.

(89) 2 Co. 5, 18.

(90) Col. 2,14,

(91) Ep, 6, 20.                                    [ Page d'accueil  - [ Théologie biblique ]